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Et si les difficultés de Manuel Valls profitaient à François Hollande ?

Manuel Valls est sous le tir croisé de la droite, de la gauche et de l’extrême gauche. Mais tout ça pourrait profiter à François Hollande.
Article rédigé par Olivier Bost
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Manuel Valls est dans une passe difficile. Nous en avons déjà largement parlé, il y a l’aller-retour Poitiers-Berlin pour un match de foot. Manuel Valls n’a pas vu venir la polémique, probablement trop d’assurance, à la limite de l’arrogance. Et par maladresse il l’a ensuite très largement alimentée. Quand un homme politique ne dit pas tout, dès le début, il prend le risque de se retrouver dans un feuilleton. C’est exactement ce qui s’est produit. La rigueur morale de Manuel Valls vacille pour la première fois, au point d’agacer François Hollande, le tenant d’une République exemplaire. La droite ne s’y était pas trompée et avait bien senti que l’opinion désapprouverait le moment de détente du Premier ministre.

Manuel Valls réveille les frondeurs et l’extrême gauche

Ensuite, sûr de sa force politique, Manuel Valls a voulu en rajouter dans la loi Macron avec des mesures pour les petites et les moyennes entreprises qui ont immédiatement réveillé les frondeurs. Plafonner les indemnités de licenciement ou doubler le nombre de renouvellements de CDD, tout cela passe pour de la provocation dans la gauche du PS. A la fin, il y aura probablement le 49.3, comme à l’issue de la première lecture. Pour quelques-uns, le gouvernement va tordre le bras de tous les députés sans distinction.

Manuel Valls a aussi rouvert un autre front avec l’évacuation musclée de sans-papiers à Paris. L’extrême gauche s’est réveillée. Le Parti de gauche, le Parti communiste, le NPA et Europe-Ecologie-Les Verts ont retrouvé leurs réflexes face à un Manuel Valls, resté ministre de l’Intérieur dans l’âme. Cécile Duflot parle d’un "Waterloo moral", une formule choc, comme elle l’avait fait sur le sujet des roms il y a un an et demi quand Manuel Valls était ministre de l’Intérieur.

Et à la fin, François Hollande pourrait en profiter

Etre chef de l’Etat est quelque chose de formidable, c’est la magie de la Vème République, vous pouvez prendre de la hauteur. Quand François Hollande se montre agacé hors micro de tout ce qui arrive à Manuel Valls, l’opération est double. Elle permet d’aller dans le sens du vent, dans le sens de l’opinion, et donc de faire retomber un peu la pression. Elle permet aussi à François Hollande de se replacer au-dessus de son Premier ministre et de le renvoyer à ses faiblesses.

Enfin, si vous regardez les choses avec un petit plus de recul encore, vous verrez que François Hollande pourrait vraiment en profiter. Le moment venu, il sera peut-être le seul capable de faire revenir les écologistes par exemple. Il sera aussi peut-être le seul à s’opposer à Nicolas Sarkozy sans tomber dans la même violence verbale que son adversaire, ou la même violence que son Premier ministre. Les soucis de Manuel Valls sont donc, peut-être, les solutions de demain pour François Hollande.

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