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Gauche rassemblée : derrière les clichés, les arrières-pensées

A 4 jours du premier tour des élections départementales, l'heure est au rassemblement de la gauche.. socialistes, frondeurs, écologistes : les photos de famille se succèdent.. mais la grande réconciliation n’est pas pour tout de suite.
Article rédigé par Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
  (Louise Bodet © Radio - France Christophe Abramowitz)

Rassemblement, le mot magique de campagne électorale. A  prononcer de préférence en insistant bien sur le "r".. le " rrrrassemblement de la gauche", donc, c'est le mot d'ordre en ces derniers jours d'une campagne départementale largement nationalisée. Du coup, les dîners à l'Elysée, meetings communs, et autres jolies photos main dans la main se succèdent.  La semaine dernière, François Hollande recevait les frondeurs socialistes à dîner, cette semaine, Manuel Valls fait estrade commune avec l'un d'eux, Jérôme Guedj, mais aussi l'écologiste Emmanuelle Cosse, lundi. Ce mercredi matin, le Premier ministre est allé faire un petit tour à lille et une petite bise à sa grande copine, Martine Aubry. Oubliés les désaccords de fond sur la politique économique du gouvernement. Les meilleurs ennemis du PS ont rejoué l'entente parfaite, un classique dans leur répertoire..

Ce mercredi soir, c'est une autre grande amie de Manuel Valls qui se retrouve à l'affiche. Cécile Duflot, ex-ministre du logement, devenue porte-parole de l'aile anti-gouvernementale des écolos fait estrade commune à la Courneuve, en Seine-saint-Denis, avec le président de l'Assemblée Nationale Claude Bartolone, ancien patron du 9.3, un département symbole du rassemblement de la gauche puisque dans ses 21 cantons le PS et Europe Ecologie-Les Verts partent main dans la main dès le premier tour..

 

La majorité en ordre dispersé

Une exception qui confirme la règle; si l'on regarde l'ensemble des cantons, les écologistes ont conclu presque 3 fois plus d'accords avec le Front de gauche qu'avec le Parti socialiste. C'est dire si, derrière les jolies photos de famille, la majorité part en ordre dispersé. On imagine déjà, au soir du 1er tour, les constats d'échec qui virent à l'acte d'accusation, chacun tenant l'autre pour responsable de la désunion. Ainsi, la gauche serait sur le mode "suicidaire". Le mot est revenu en boucle dans la bouche des ténors socialistes ces derniers jours. "Les écologistes et le parti communiste vont disparaître", prédit carrément un poids lourd de la majorité. "L'unité, ça ne se décrète pas, ça se construit" a prévenu de son côté la patronne des écologistes Emmanuelle Cosse, qui, pour l'heure, prend soin de ne se fâcher avec personne. Elle était en meeting lundi avec Manuel Valls, et hier mardi avec le numéro 1 communiste Pierre Laurent..

 

Ecolos : pas de débauchage individuel 

 

Au lendemain des départementales, ces ententes à géométrie variable pourraient déboucher sur un changement de casting gouvernemental. C’est ce que semble souhaiter François Hollande qui, à 2 ans de la présidentielle, aimerait bien faire le vide autour de lui à gauche. En d'autres termes, éviter d’autres candidatures au premier tour qui l'empêcheraient de se qualifier pour le second, d'où ses efforts pour ramener dans le giron gouvernemental des frondeurs, aubrystes et autres poils à gratter socialistes, mais aussi les écologistes.  Et il n'entend pas faire de débauchages individuels. C'est en tout cas ce que croit savoir un ténor du PS.  "Ce que veut François Hollande, c'est que les écologistes tranchent collectivement en faveur d'un retour au gouvernement" avec, donc, l'accord de Cécile Duflot. Vu les déclarations de cette dernière, ce n'est pas gagné...

 

Comment rassembler sans rien changer ? 

 

Ca va être toute la difficulté pour François Hollande, qui a annoncé la couleur dans les colonnes du magazine Challenges la semaine dernière : il ne changera pas de ligne politique ni de Premier ministre. Manuel Valls l'a réaffirmé ce mercredi après-midi à Bruxelles, "La France tiendra ses engagements budgétaires",  mais pas question de "casser la croissance qui aujourd'hui revient, en France comme en Europe".. c'est en fait le pari de l'exécutif : celui d'une reprise économique sensible dès cette année.. qui permettrait, selon certains, non pas de changer de ligne.. mais de « l'infléchir"   François Hollande va devoir y mettre tout son art de la nuance.. et de la synthèse..

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