JO de Paris 2024 : est-on en train d’assister à la deuxième révolution du sport en France ?

Les performances des athlètes français aux Jeux de Paris laissent espérer un boom du sport tricolore, comme dans les années 1960.
Article rédigé par franceinfo
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Teddy Riner célèbre sa médaille d'or aux Jeux olympiques de Paris, le 2 août 2024. (MAXPPP)

Avec 37 médailles aux JO de Paris, la France est déjà au-delà des 33 des derniers Jeux de Tokyo, en 2021. Cela semble valider toute la stratégie construite autour de l’Agence nationale du sport. Est-ce qu’on est train d’assister à la deuxième révolution du sport en France ? Peut-être bien.

La révolution initiée par De Gaulle en 1960

Rappelons la première déjà : c’est De Gaulle, avec le "sport pour tous", lancé après les Jeux catastrophiques de Rome en 1960. La France termine alors 25e avec 5 médailles, 2 en argent et 3 en bronze, et aucun titre olympique. Une humiliation pour De Gaulle : "Si la France brille à l'étranger par ses penseurs, ses savants, ses artistes, elle doit aussi rayonner par ses sportifs", dit-il. Il y a ce dessin de Jacques Faizant qui le représente en survêtement, valise à la main, et où il dit : "Dans ce pays, si je ne fais pas tout moi-même..."

La France décroche les Jeux d'hiver de Grenoble 1968. Maurice Herzog, l'alpiniste, est nommé haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports. On crée l'INSEP, des CREPS, les pôles de performance en région. En 1967, le premier ministère des Sports. Résultat : 9 médailles à Grenoble, 15 en été à Mexico dans la foulée et plus de 1 000 gymnases ou piscines construits en 8 ans.

Un projet lancé en 2017

La déception de Tokyo il y a trois ans a-t-elle provoqué un peu la même chose ? Sans doute, même si le projet est lancé dès 2017 quand Paris décroche l'organisation des JO 2024. Laura Flessel, ministre des Sports, demande à Claude Onesta, sélectionneur emblématique des handballeurs français, de réfléchir à comment réussir des Jeux à la maison : en clair, booster la performance… 

Son idée est de mettre autour de la table l'État, les fédérations, les collectivités territoriales, les milieux économiques. L'Agence nationale du sport est créée, il en devient le patron de la haute performance. Contrairement aux Anglais qui font du sport à l’école et mettent tous les moyens sur quelques disciplines, en France, on va chercher les chances de médailles dans les petits clubs tous sports confondus.

On assume de faire une liste : 500 noms à qui on donne des moyens renforcés, pour les coachs et les outils de travail, et un revenu pour qu'aucun ne soit sous le seuil de pauvreté en préparant les Jeux. Cela ne concerne pas des Teddy Riner mais des profils comme Anthony Jean-Jean; médaillé en BMX, Titouan Castryck au kayak ou encore Gaba, la médaille d'argent surprise en judo.  

Embarquer le pays, mais aussi laisser une empreinte sociétale

Ces 36 médailles françaises au bout d'une semaine, c'est aussi l'effet de ce public survolté, non ? 
Vous avez raison, l'avantage de jouer à la maison est incontestable (le fameux "home advantage" en bon français. D'ailleurs ça fait aussi partie du projet : embarquer le pays ! Réussir des Jeux ce sont des médailles, des émotions, mais ensuite des inscriptions en club, du business, un marqueur social. Bref, rien d’accessoire même si ça ne règle pas tous les problèmes. Une fois les lumières des stades éteints, il faudra sans doute se demander pourquoi le budget des sports atteint toujours péniblement 0,5% du budget de l’État ?

Quant à cette Agence Nationale du sport, va-t-elle poursuivre sa mission pour les Jeux d'hiver de 2030 avec le ski de bosses, l'half-pipe ou le hockey sur glace ? Une question pour Claude Onesta également, mais on n'imagine pas qu'il en soit autrement.

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