L'édito politique du 03-07-2015
Un non ferme et définitif. Depuis l’Afrique où il est en déplacement, François Hollande a immédiatement répondu au journaliste australien qui croupit depuis 3 ans dans l’ambassade d’Equateur à Londres où il a trouvé refuge. Voilà le communiqué : "C ompte tenu des éléments juridiques, la France ne peut pas donner suite à sa demande. La situation de monsieur Assange ne présente pas de danger immédiat, il fait en outre l’objet d’un mandat d’arrêt européen ".
Un imbroglio politico- judiciaire
Julian Assange, c’est celui qui a divulgué des documents ultra secrets de l’armée américaine notamment sur les exactions commises par l’armée US en Irak en 2010. C’est aussi lui qui a révélé les écoutes des trois derniers présidents français par l’agence de sécurité américaine, la NSA. Ce sont ces dernières révélations qui ont déclenché l’appel d’une quarantaine de personnalités en France, des politiques, des intellectuels et des artistes, pour que François Hollande accorde un asile politique à Julian Assange.
Le problème pour lui, c’est qu’il n’est pas officiellement poursuivi par les Etats-Unis mais par la Suède pour une affaire d’agression sexuelle et de viols. L’Elysée explique que dans ces conditions il n’est pas question de lui accorder l’asile politique.
La France n’a de toute façon pas du tout l’intention de lui accorder l’asile politique
L’entourage de François Hollande est très clair : "rien ne justifie qu’on réponde à sa demande ". D’ailleurs, il ne réclame pas à proprement parler l’asile politique, mais un "geste humanitaire ".
Dans sa lettre au président, Julian Assange joue sur la fibre sensible : il rappelle que sa femme et l’un de ses fils sont français, qu’il vit depuis 3 ans dans des conditions terribles dans cette petite ambassade d’Equateur à Londres, enfermé dans 5 mètres carrés. S’il sort les policiers anglais le livreront à la justice suédoise et il explique surtout qu’il est menacé de mort par les autorités américaines.
Un soutien inattendu : celui de Christiane Taubira
Dans une interview à la télé la semaine dernière, la garde des sceaux a dit qu’elle ne verrait "rien de choquant " à ce que la France accorde l’asile politique à Julian Assange, que ce geste aurait une "dimension symbolique "…
Le Front de gauche et les Verts réclament eux aussi un geste à François Hollande : au nom des valeurs de notre République, d’une France patrie des droits de l’homme. Les écologistes ont d’ailleurs très mal réagi tout à l’heure à la décision du chef de l’Etat : dans un communiqué ils dénoncent "la fébrilité et le manque de courage " du président.
Pas de réactions à l’Elysée
Les critiques n’y changeront rien, c’est la realpolitik qui gagne dans cette affaire : la France ne va pas se fâcher avec son allié américain à cause de ce lanceur d’alerte en mal d’asile politique. La priorité du moment, c’est la lutte contre le terrorisme.
On passe l’éponge sur les écoutes, de toute façon, nous aussi on espionne nos alliés, nous aussi on interdit la divulgation de documents secret défense, c’est dans la loi renseignement qui vient d’être votée, toujours au nom de la sécurité nationale.
Alors, dans la balance, le sort de Julian Assange ne pèse pas bien lourd.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.