Les retraites chapeau dans le collimateur du gouvernement
Le ministre de l'Economie l'a annoncé mardi après-midi : Emmanuel Macron envisage de supprimer le dispositif des retraite chapeau des grands patrons et le remplacer par le régime de droit commun. Mais ce n'est pas la première fois que le sujet est évoqué. C'est même un serpent de mer de la politique contemporaine.
Un symbole indéfendable
A gauche comme à droite d'ailleurs, la retraite chapeau joue le même rôle depuis plusieurs années : celui de l'épouvantail, du symbole de tout ce qui fait que les grands patrons apparaissent comme des priviliégiés dans l'opinion. Symbole indéfendable quand le pays s'enfonce dans la crise et que le chômage gagne du terrain. Les retraites chapeau, comme les parachutes dorés ou les stock-options sont donc agitées comme des chiffons rouges depuis au moins 7 ans. Souvenez-vous, la campagne de 2007, Nicolas Sarkozy prônait déjà la rupture en citant Jaurès.
Bis répétita pour Nicolas Sarkozy lors de la campagne en 2012. Les retraites chapeau en plus. Entre temps, son ami Henri Proglio est devenu patron d'EDF. Il a quitté Véolia qui lui provisionné une retraite chapeau de 13 millions d'euros.
Et pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy, c'est la gauche qui a dénoncé les avantages des grands patrons. Car même décriées, les retraites chapeaux n'ont pas disparu. Elles ont simplement été davantage taxées au grand dam des députés socialistes.
Mais pendant la campagne 2012, François Hollande n'a pas pour autant promis leur suppression, malgré son plaidoyer contre la finance au Bourget. Le 7ème de ses 60 engagements évoquait simplement l'encadrement des bonus et la suppression des stock options.
Décriées mais toujours là
Les retraites chapeaux ont donc fait de la résistance. Villipendées mais toujours pas supprimées. Et il y a un an, François Hollande se contentait de saluer la décision de Philippe Varin, le président de PSA Peugeot Citroën, contraint de renoncer à sa mirobolante retraite après une nouvelle polémique. Un coup du chapeau à 21 millions d'euros.
Depuis, et bien rien. A part de nouvelles polémiques. Retraites chapeau de Didier Lombard, l'ancien PDG de France Télécom, de Gérard Mestrallet surtout, patron de GDF-Suez : 21 millions d'euros évoqués également par le Canard Enchaîné . Le chapeau de trop visiblement pour le gouvernement. Et cette annonce donc mardi après-midi à l'Assemblée du ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Enième promesse sur les retraites chapeau donc. La déclaration d'Emmanuel Macron résistera-t-elle à l'épreuve des faits ? L'heure est à la circonspection. Car sur le sujet, l'histoire récente nous montre que le gouvernement a souvent mangé son chapeau.
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