Manuel Valls à l'Assemblée nationale, un discours de bonne tenue
Manuel Valls dans son discours de trois quarts d’heure a été applaudi et salué par toute l’Assemblée nationale à plusieurs reprises. Au-delà de l’hommage aux victimes, à la mobilisation des Français et à son vibrant plaidoyer contre l’antisémitisme et contre le racisme, Manuel Valls a surtout fait deux choses fondamentales. Il a satisfait tout le monde car il s’est dit prêt à discuter de tout ce qu’il faut faire avec toutes les formations politiques présentes, de ce qu’il faut faire contre le terrorisme.
Et puis, c’est un autre aspect de son discours, il a aussi commencé à apporter des réponses aux réactions, aux polémiques, aux questionnements qui traversent la société française. Il y avait donc des réponses sur le plan strictement sécuritaire et des réponses plus sociétales. C’est de la vraie politique que l’on a vue cet après-midi à l’Assemblée.
Les pistes de Manuel Valls pour lutter contre le terrorisme font vraiment l’unanimité ?
Quand on rentrera dans le détail. Non. Forcément. Mais là où Manuel Valls a été habile c’est qu’il a bien pris soin de répondre et d’inclure dans son discours les prises de positions de tous ceux qui se sont exprimés avant lui. Il a promis des réponses fermes tout en appelant tout le monde à rester mesuré, à être à la hauteur de la situation.
L’UMP, par la voix de Christian Jacob par exemple, a demandé à circonstances exceptionnelles une loi exceptionnelle et a proposé de revoir le budget alloué à la sécurité. Le Premier ministre lui a répondu qu’il était d’accord pour en parler. Pareil, quand Europe Ecologie-Les Verts, par la voix de Barbara Pompili, a demandé que l’on ne renonce pas à nos valeurs. Manuel Valls lui a dit qu’il était d’accord.
En fait, le Premier ministre sait que personne ne peut franchement rompre l’unité nationale. Il peut donc encore sans se contredire donner raison à beaucoup de monde. Cela se résume en une phrase prononcée par Manuel Valls : "A situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle mais pas de mesure d’exception". Rien qui toucherait à nos grands principes et à nos valeurs : le droit, la liberté, la démocratie. Tout le monde ne peut être que d’accord avec ça. Manuel Valls a donc lancé apporter des réponses et lancé un débat cet après-midi et pour l’instant ce débat il l’a cadré.
Des réponses à la société française
Il n’est pas sûr que cela se traduise par des lois ou de nouvelles mesures mais c’est tout aussi intéressant. Le Premier ministre a profité de sa tribune pour rappeler, avec beaucoup de force, ce qui relève du "vivre ensemble", contre l’antisémitisme, le racisme en particulier. Et il s’est fait très pédagogue. Par exemple, il a tenu à dire pourquoi ce n’était pas la même chose quand on empêchait Dieudonné de s’exprimer et qu’on défendait la liberté d’expression de Charlie Hebdo .
Ce n’est pas la même chose. Il y a une différence fondamentale entre ce qui relève de la liberté et de l’impertinence et ce qui relève de l’antisémitisme, du racisme, du négationnisme et de l’apologie du terrorisme. Il a tenu aussi à expliquer aussi pourquoi il fallait protéger la communauté juive et répondre aux inquiétudes des musulmans. Il y aura donc un travail de fond et et certainement très long à faire sur la société française. Pas seulement de nouvelles mesures ou de nouvelles lois sécuritaires. Ce discours-là aussi peut satisfaire au jour d’aujourd’hui tout le monde.
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