Pierre Moscovici, l'ambitieux discret...
Et c'est assez rare que Pierre
Moscovici parle de lui.
Dans le dispositif de François
Hollande, son ancien directeur de campagne est numéro 4 du gouvernement.
Mais il est critiqué pour
une discrétion, une réserve de mauvais aloi, quand d'autres occupent le devant
de la scène médiatique. Pierre Moscovici accepte,
et assume.
"Réservé, sans doute, c'est mon tempérament.
Profondément collectif, ça, je le revendique complètement, préférant les
solutions, les décisions aux paroles. Pédagogue, c'est ce que je veux être,
convaincant, c'est ce que j'espère être. "
Ce qui passe par une
certaine franchise. Reconnaître par exemple, que le gouvernement a revu sa
copie, suite au mouvement des pigeons.
"Nous avons, non pas reculé, mais bougé. Et
ça, je le revendique, parce qu'il ne faut pas être droit dans ses bottes. Et je
veux être pour les entreprises un interlocuteur, un interlocuteur qui n'est pas
du tout complaisant, qui peut leur dire leur fait, qui n'a pas à être d'accord
sur tout, mais qui doit être aussi attentif, parce que ce sont les entreprises
qui créent de la richesse, ce sont les entreprises qui font la croissance, et
in fine c'est la croissance qui permet de créer de l'emploi."
Et la croissance, c'est la
priorité du ministre de l'économie, tout en maintenant le budget dans les clous
des 3%.
" A ttention, je ne suis
pas en train de dire que je suis fasciné par les marchés et dominé par les
agences de notation, mais je sais aussi dans quel monde nous évoluons. J'ai eu
l'occasion de voir le regard qu'on portait sur la France. On nous crédite, et
c'est très important, d'une forte crédibilité budgétaire. On sait, partout dans
le monde, que nous avons hérité d'une situation de finance publique
désastreuse, 5 %, que nous sommes en train de faire un effort qui nous
amène à 3 %, historique, 30 milliards d'euros. c'est une question de
crédibilité, de qualité... que se passerait-il si nous donnions des signes
bilatéraux de lâcher les vannes, de ne pas être sérieux, de relâcher notre
effort. Et bien à ce moment-là, ce qui se passerait, c'est ce qui est arrivé à
d'autres pays comme l'Espagne ."
Pourtant, sur le budget on a beaucoup plus
remarqué Jérôme Cahuzac, ou Arnaud Montebourg volant au secours des entreprises.
Cela ne conduira
pas Pierre Moscovici a critiquer ses camarades. Il joue le bon élève, qui
travaille bien sans faire de bruit.
Qui louange le Premier
ministre Jean-Marc Ayrault, dont les adversaires accusent le manque de poigne. Pas Pierre Moscovici : "Et c'est quelqu'un
dont je me sens proche. Oui, il est très loyal. Il travaille. Il prend beaucoup
sur lui, c'est un homme extrêmement honnête, profondément estimable. C'est
quelqu'un avec qui j'ai plaisir à travailler et qui en plus a beaucoup
d'autorité. Donc, sortons des stéréotypes ."
Alors on peut se demander
quel "bon point" Pierre Moscovici espère obtenir, avec cette
stratégie du bon élève..
Où se voit-il après Bercy?
Sa réponse: "Je ne dis pas qu'un jour je ne pourrais pas
faire autre chose, mais si ma vie politique s'arrêtait et que je me retourne,
et que je me dise que j'ai été ministre des Affaires européennes
au moment où l'Europe s'élargissait, se rassemblait, et que j'ai été ministre
de l'Économie et des Finances au moment où nous traversons la crise, et qu'au
final, j'ai été vraiment un bon ministre dans ces deux fonctions, je serais
tout à fait fier de moi."
Aucune projection pour le futur, aucune
conspiration pour le futur, du travail, encore du travail, à la place qui est
la mienne, et si je réussis, alors à ce moment-là, nous verrons, plus tard.
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