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Rassemblement national : qui veut prendre la place de Marine Le Pen ?

Le Rassemblement national, ex-Front national, s’apprête à tourner une page de son histoire. Pour la première fois en 50 ans, il ne sera pas présidé par un Le Pen. L'édito politique de Neila Latrous.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous
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Temps de lecture : 4min
Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire RN, après une rencontre avec la Première ministre à Matignon. Paris, le 29 juin 2022. (JULIEN DE ROSA / AFP)

La fin de l'ère Le Pen se précise au RN. Et ce sera effectif à partir du 5 novembre, date à laquelle est convoqué un congrès, qui désignera donc un successeur à Marine Le Pen. Ca se jouera a priori entre Jordan Bardella, président intérim ces derniers mois, et Louis Aliot, le maire de Perpignan qui n’a pas officiellement fait acte de candidature.

Quant à Marine Le Pen, elle se recentre sur ses missions à l’Assemblée nationale, et sur ce contingent inespéré de 88 députés qui siègent désormais à ses côtés. Il faut dire qe l’épicentre de la vie politique s'étant déplacé au Palais Bourbon, il est peu surprenant que l’ex-candidate à la présidentielle fasse ce choix. Durant la mandature précédente, et sans groupe pléthorique, la patronne du RN s’était déjà peu à peu éloignée de Nanterre, où se trouvait le siège du parti jusqu'à l’an dernier. Nombre de cadres avaient alors déploré la distance physique que Marine Le Pen avait instauré, le temps passé à Paris… y voyant un signe de désintérêt pour le RN en tant que formation politique. Qu’elle passe la main clarifie donc les choses. 

Bardella ou Aliot, quel(s) changement(s) ?

Que le prochain président s’appelle Bardella ou Aliot, finalement, c'est un peu d’affichage. Et cela permet à Marine Le Pen de tordre le cou à l’idée d’un parti qui serait une PME familiale. Même si tant Jordan Bardella que Louis Aliot ont entretenu des liens familiaux avec Marine Le Pen.

Reste qu'il y a de légères divergences de style entre les deux. Le méthodique Jordan Bardella, 26 ans, face au faux nonchalant, Louis Aliot, 52 ans, et dont un peu plus de 30 passés au FN, puis au RN. Sans oublier des divergences de sensibilité aussi, entre le premier très porté sur les questions identitaires et sécuritaires, le second, avocat de formation, comme Marine Le Pen, qui parle plus volontiers de justice et d’économie. Mais l’un comme l’autre auront, au fond, assez peu de marges de manoeuvre pour imprimer une nouvelle ligne puisque Marine Le Pen a prévenu : c’est elle - et elle seule  - qui continuera à déterminer la ligne du mouvement.

Qui aura (vraiment) le dernier mot ?

Est-ce, finalement, un changement en trompe-l'œil ? Disons qu’il faudra voir jusqu’où Marine Le Pen donne des marges de manœuvre à son successeur. Va-t-elle garder un rôle formel au RN ? Elle a annoncé qu’elle continuera à s’occuper de l’international. Mais est-ce qu’elle siégera au bureau exécutif ou à la commission d’investitures ? Car c’est là que se prennent des décisions qui, de loin, semblent anecdotiques, mais qui en fait en disent long sur qui a vraiment le pouvoir dans le parti.

Est-ce que le prochain président du Rassemblement national aura d’ailleurs toute la latitude pour choisir qui siège dans ces instances ? C’est à lui que revient, en théorie, le pouvoir de nomination. Ou est-ce que Marine Le Pen préférera garder une forme de tutelle sur le mouvement en imposant ses proches à tous les postes ? Tout se joue au lendemain du 5 novembre. Est-ce que le prochain président du RN pourra d‘ailleurs recruter librement ses équipes ? Ou se verra-t-il imposer des noms par Marine Le Pen ? Le parti s’est vidé depuis les législatives : les permanents ayant soit été élus députés, soit ayant été recrutés comme collaborateurs parlementaires. C’est à tout cela que se jugera le vrai changement. Pas au rebranding ou au changement de nom à la tête du parti.

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