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Réforme des retraites : et si François Bayrou était l'homme-clé du second quinquennat d'Emmanuel Macron ?

Depuis plusieurs semaines maintenant, le patron du Modem est engagé dans un bras de fer avec Emmanuel Macron sur la réforme des retraites. L'édito politique de Renaud Dély.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Bayrou, le président du Modem, et Emmanuel Macron, le chef de l'Etat, à l'Elysée, le 21 juin 2022. (LUDOVIC MARIN / POOL)

On le sait : le chef de l’Etat est tenté d’aller vite pour engager cette réforme des retraites, véritable réforme phare de son second mandat qui vise à reporter l’âge légal du départ en retraite à 64 ou 65 ans. Il pourrait l’intégrer par amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale dont l’examen débutera le 20 octobre. Alors depuis une semaine, François Bayrou met la pression sur l’Elysée. "On ne gouverne pas contre le peuple", a-t-il asséné dimanche en clôture des journées parlementaires du Modem. Le leader centriste récuse tout "passage en force" à l’Assemblée. A ses yeux, rien ne presse, et il est urgent d’attendre pour ne pas braquer davantage l’opposition et surtout les partenaires sociaux qui sont déjà vent debout.  

S’agit-il d’une simple différence de calendrier ? Non, c’est une divergence de méthode mais qui est en train de se transformer en désaccord politique de fond. D’un coté, Emmanuel Macron ne veut pas repousser encore cette réforme capitale annoncée dès le début de son premier quinquennat. L’Elysée met en avant le récent rapport du Conseil d’orientation des retraites, pour insister sur l’urgence de renflouer les finances publiques. Raison pour laquelle Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, a répété dans le Journal du Dimanche : "Nous ferons la réforme des retraites !".

Hésitation au sommet

Sauf que pour François Bayrou, ce n’est pas seulement une réforme comptable, financière, mais une "réforme de société" qui concerne le rapport au travail, à la santé, au vieillissement, touche toutes les générations et nécessite, selon lui, quatre mois de concertations. Et ce d’autant plus que le chef de l’Etat a promis un "changement de méthode" avec la création d’un Conseil national de la Refondation dont il a confié les rênes à François Bayrou !  

Et, sans aucun doute, un "49-3" sur les retraites achèverait le CNR. La CFDT, l’un des rares confédérations à avoir joué le jeu en claquerait la porte. D’où l’hésitation au sommet sur la marche à suivre. Emmanuel Macron et Elisabeth Borne réuniront mercredi les chefs de la majorité et les ministres concernés par les retraites. Et on comprend que de l’issue de ce conflit dépend sans doute le tour de ce second quinquennat. Si François Bayrou finit par convaincre Emmanuel Macron de prendre son temps, il pourrait s’imposer comme l’homme-clef d’un mandat périlleux au vu des tempêtes sociales qui s’annoncent.

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