Cet article date de plus de deux ans.

Report du projet de loi sur l'immigration : le gouvernement à la recherche d'un large consensus

Gérald Darmanin reporte sa loi immigration prévue en octobre. Emmanuel Macron est-il en train de changer de méthode ? 

Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Gérald Darmanin devant le ministère de l'Intérieur, place Beauvau.   (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

"Le nouveau monde, finalement, c’est maintenant." La formule est celle d’un député marcheur, éreinté au sortir d’un mois de session parlementaire, qui réalise que désormais plus rien ne se fera comme avant. Gérald Darmanin avait programmé l’examen de son projet de loi sur l'immigration autour du 10 octobre. Ce devait être un texte marqueur de la rentrée, censé "parler aux tripes des Français", comme l’avait déclaré le ministre de l’intérieur le 9 juillet au journal Le Monde. Aux tripes des Français, mais aussi des électeurs des Républicains et du Rassemblement national.

>> "C'est une forme de dérobade", tacle la présidente par intérim des Républicains après le report du projet de loi immigration

Changement de cap ! Elisabeth Borne y a mis un coup d’arrêt : le projet de loi tout en muscles devra attendre. L’impatient ministre de l'Intérieur, qui se rêve en digne successeur de Nicolas Sarkozy, va devoir ronger son frein et organiser, auparavantà la demande d’Emmanuel Macron, une série de concertations place Beauvau, dès la fin août et en septembre, avec tous les partis, les partenaires sociaux, les associations et les représentants de la société civile. 

Et ce n’est pas fini : ces aimables échanges se poursuivront, non pas autour d’un bon verre, mais avec un grand débat à l’Assemblée nationale et au Sénat, afin de ficeler le projet de loi.

Recul de l’exécutif

Ce report d’un texte promis comme majeur ne fait que traduire la grande inquiétude qui s’est emparée de l’exécutif. L’accouchement de la loi pouvoir d’achat au terme d’une trop longue bataille parlementaire augure des débats autrement plus virulents à la rentrée d’octobre sur des thèmes bien plus clivants. 

Le grand débat national avait permis au président de sortir du cauchemar des "gilets jaunes". Pourquoi ne pas décliner la méthode au parlement, afin de déminer les textes qui fâchent ? Et surtout de neutraliser, au sujet de l’immigration, une opposition de droite, du Rassemblement national aux Républicains, qui attend Emmanuel Macron de pied ferme sur un sujet qu’elle considère comme son talon d’Achille.  

Les thèmes annoncés par Gérald Darmanin sont loin d’être anodins. Réforme profonde de l’organisation de l’asile, intégration plus exigeante des étrangers arrivant sur le territoire national, rapport entre immigration et économie, lutte contre les étrangers délinquants... Emmanuel Macron veut un consensus large sur ces questions. 

L’enjeu pour le gouvernement est simple : apporter enfin des solutions à ceux qui ne comprennent pas pourquoi les reconduites à la frontière sont impossibles. Avec, en creux, une obsession : tordre le cou au procès en impuissance politique qui nourrit les populismes. Chacun a déjà l’œil rivé sur 2027. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.