UMP : comment transformer des manifestants en militants électeurs
Jean-François Copé a réussi son pari. La mobilisation des anti-mariage gay s'est montrée à la hauteur
de ses attentes.
Jean-François Copé a donc eu raison de ne pas se couper de cette
partie de la droite, soucieuse d'une certaine politique familiale.
Le président de l'UMP entend bien maintenir ce lien avec ces
électeurs potentiels. En défilant à leurs cotés, il peut se prévaloir d'une
longueur d'avance, vis-à-vis de ses compagnons qui n'ont pas voulu se mêler à
ce cortège.
Justement, en interne
à l'UMP, cet avantage, c'est un peu un cadeau empoisonné pour Jean-François
Copé.
Car cette petite
victoire constitue bien une victoire personnelle pour Jean-François Copé, plutôt
qu'un progrès pour son mouvement. Or, Jean-François Copé est en train de négocier la
prolongation de son bail à la présidence du mouvement, avec François Fillon. Les deux hommes se sont mis d'accord sur le principe du non –
re-vote pour la présidence du mouvement. L'ancien Premier ministre se sentant assez à l'aise dans son
rôle d'autorité indépendante au dessus de la mêlée. Or si Jean-François Copé donne le sentiment de jouer un jeu
trop personnel, il s'expose à la vindicte des quadras, soucieux de leur propre
avenir.
C'est ce qui se passe
en ce moment d'ailleurs, avec les critiques de Laurent Wauquiez ou Luc Chatel.
Laurent Wauquiez dénonce
l'absence de leadership à l'UMP. Bernard Accoyer, l'ancien président de l'Assemblée, explique
que l'UMP ne peut être une rampe de lancement pour les primaires à la présidentielle. Les intentions présidentielles de Jean-François Copé et François
Fillon sont trop transparentes. Aux yeux de leurs collègues UMP, mais aussi, aux yeux des
manifestants, qui n'apprécient pas la modération. Frigide Barjot a perdu le leadership de la manif pour tous
pour cause de position trop timorée. L'ancienne égérie avait cherché une
solution alternative, en convenant du fait qu'il était désormais impossible d'abroger
une loi votée et validée par le conseil constitutionnel.
Les manifestants
veulent des actions plus radicales.
Et face à cette attente, l'UMP qui ne peut s'engager sur l'abrogation
de la loi est jugée bien timorée. D'où la victoire amère de Jean-François Copé. Mais le problème dépasse l'UMP. C'est celui de la
désaffection générale vis-à-vis du politique.
Les opposants au mariage gay se mobilisent, mais leur
engagement politique ne passe pas par l'adhésion à l'UMP. Le parti socialiste connaît la même difficulté. Il est débordé sur sa gauche par des citoyens dont l'engagement
politique se traduit ailleurs que dans leurs rangs : dans l'action
militante en association notamment. A gauche comme à droite, les extrêmes rivalisent de discours
musclés pour séduire ces citoyens avides d'actions radicales aux effets
concrets immédiats. Sans véritablement parvenir à gonfler leurs effectifs pour
l'instant. Les partis qui ont exercé le pouvoir cherchent encore la
réponse à ce nouvel enjeu. S'ils ont compris qu'il ne sert à rien de promettre sans pouvoir
tenir, ils n'ont pas encore trouvé comment obtenir l'adhésion sans promettrel'impossible.
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