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"Fashion week" : depuis des années, cette influenceuse mode dénonce les "recettes du désastre" du monde de la mode

Depuis cinq ans, Venetia La Manna, une britannique de 33 ans multiplie les vidéos pour raconter les pratiques abusives qui ont fait de l’industrie de la mode, l’un des secteurs les plus polluant de la planète.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Venetia La Manna, influenceuse sur son compte TikTok. (CAPTURE D'ÉCRAN)

C’est une influenceuse mode à contre-courant. Contrairement à ses homologues, elle ne propose pas à ses abonnés la dernière robe que telle ou telle marque lui aurait envoyé gratuitement, elle ne fait pas non plus de pub pour tel ou tel label, non, Venetia La Manna, 33 ans et plus de 200 000 abonnés sur Instagram, gagne sa vie avec des vidéos sur les coulisses de l’industrie de la mode.

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Depuis cinq ans, cette Britannique, passionnée de mode, explique concrètement comment la production et la vente de vêtements, avec quatre milliards de tonnes de CO2 émises par an selon l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), est devenue l’un des secteurs les plus polluants de la planète.

@venetialamanna the most sustainable clothes are the ones you already own ♻️ #sustainablefashion #slowfashion #secondhandfashion #nothingnew #sustainability ♬ original sound - sped up audios &lt3

Elle raconte par exemple l’impact de la petite étiquette "coton bio" sur un tee-shirt fabriqué au Bangladesh, les litres d’eau qu’il a nécessité malgré son label, l’usine de tissage qui tourne au charbon, les contingents de femmes sous-payées qui assemblent les pièces, et finalement l’infime part de coton bio qu’il y a dans ce tee-shirt.

Le greenwashing

Pour les adeptes des friperies, elle parle aussi de ces vêtements dits vintage qui ont en réalité été usés volontairement pour être vendus en seconde main. La liste de tout ce qu’on n’imagine pas est longue, tellement longue qu’elle en a fait une série intitulée Recipe for Disaster, sur les dégâts sociaux et environnementaux engendrés par les collections pluri-annuelles d’Adidas, Primark, Shein, Pretty Little Things, H&M ou encore Nike. 

Plus de six millions de personnes ont regardé ses épisodes. Preuve que les consommateurs ont envie de savoir. "Et c’est récent, dit-elle à l’AFP, ces questions ont vraiment pris de l’ampleur ces cinq dernières années et l’on s’intéresse désormais autant à la mode jetable qu’aux déchets plastiques ou à la malbouffe." Pour aller plus loin, elle vient d'ailleurs de publier une tribune sur la façon dont les marques de mode font du greenwashing, autrement dit s'invente une éthique écologique sans changer leur modèle économique.

Venetia La Manna ne fait pas que montrer l’envers désastreux de nos dressings. Sa spécialité, c’est aussi de donner des solutions, des clés pour innover, inventer, changer de style. Alors que la Fashion Week bat son plein, elle suggère par exemple de louer des vêtements, ou d’emprunter. Et pour qui cherche un peu d’inspiration, elle multiplie les vidéos où elle défile avec un même vêtement porté de deux, trois, voire quatre manières différentes. La clé, ça n’est pas d’acheter, c’est de réinventer, "parce qu’au fond, conclut-elle sur son compte TikTok, les vêtements les plus respectueux de l’environnement sont ceux que vous avez déjà dans vos tiroirs."

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