Kim Beom-su, le milliardaire sud-coréen qui va léguer la moitié de sa fortune à des œuvres sociales
Fondateur de KaKao Talk, une application de messagerie et de jeu en ligne, le cinquième homme le plus riche de Corée du Sud a annoncé lundi qu’il léguait la moitié de sa fortune personnelle à des œuvres sociales.
C’est un homme qu’on connait peu ici, en Europe, mais qui est un modèle de réussite en Corée du Sud : Kim Beom-su, 54 ans, créateur de l’application de jeu en ligne KaKao Talk, et cinquième homme le plus riche du pays. Lundi 8 février, dans un message adressé à l’occasion du Nouvel An lunaire aux employés de son entreprise, il a annoncé le legs de la moitié de ses 9,5 milliards de dollars de fortune personnelle à des œuvres sociales. Message en partie rapporté par le Korea Times : "En cette période tumultueuse, dit-il, les problèmes sociaux ont empiré de multiples façons, et je ne peux pas repousser plus longtemps ma décision. Je vous annonce donc que le processus officiel de donation est lancé."
De quoi surprendre la presse économique, qui s’est empressée de rapporter la nouvelle. Parce que non seulement ce type de don est rare, mais il l’est encore plus en Asie, où il n’y a ni Bill Gates ni Warren Buffet pour plaider en faveur de la philanthropie. Jamais, ni au Japon, ni en Chine, ni donc en Corée du Sud, un milliardaire n’a légué une telle somme pour autre chose que le portefeuille d’un de ses héritiers. Et justement, Kim Beom-su n’est pas un héritier. C’est un self-made-man, un homme qui a construit son empire technologique seul, à partir de rien.
Avec l'épidémie de Covid-19, Kim Beom-su a enregistré 93% de bénéfices en plus sur un an
Kim Beom-su a grandi dans un quartier pauvre de Séoul, dans un petit appartement, avec une seule chambre pour une famille de huit. Ses parents ont quitté l’école à 12 ans et il les a vus multiplier les petits boulots pour survivre. De sa famille, il est le premier à avoir atteint l’université, finançant lui-même ses études en donnant des cours de soutien scolaire, comme il explique dans un entretien au Financial Times. Ainsi, Kim Beom-su est devenu développeur, puis entrepreneur, puis milliardaire.
Aujourd’hui, des 50 personnalités les plus riches de Corée, il est celui qui a le plus profité de l’épidémie de Covid-19 : 93% d’augmentation de bénéfices en un an d’après le magazine Forbes. Confinés chez eux, les Coréens ont plus joué en ligne, plus acheté en ligne, dépensant sur son application ce qu’ils auraient d’ordinaire dépensé à l’extérieur. C’est ce gain, ces milliards issus de la crise, qu’il veut donner aux gens qui sont "dans le besoin", dit-il, les oubliés du nouveau monde ultra-connecté. Certes, ça ne mettra pas fin à l’accroissement des inégalités, mais ça a le mérite d’en faire parler et de mettre les autres milliardaires face à ce qu’ils font, eux, de leurs milliards.
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