L'étoile du jour. Délia et Alexandre Romanès défendent la culture tzigane à Paris
Coup de cœur ou coup de griffe : tous les matins, Marie Colmant distribue ses bons points. Aujourd'hui, le dernier spectacle de cirque de Délia et Alexandre Romanès.
"L'Étoile du jour" est un couple. Deux artistes qui depuis plus de vingt ans s'acharnent à perpétuer leur culture tzigane. Cet homme, cette femme, ce sont Alexandre et Délia Romanès qui présentent depuis quelques jours leur nouveau spectacle : La trapéziste des anges dans le square du seizième arrondissement de Paris où ils ont installé leur cirque, Le cirque Romanès comme le clament fièrement les banderoles. Le cirque Romanès, c'est le seul et unique cirque tzigane en Europe, le seul à proposer ce mélange à la fois explosif et bouleversant de numéros de cirque traditionnel, trapèze, acrobates, funambules, jongleurs accompagnés d'un orchestre tzigane traditionnel : violon qui vous déchire le cœur, clarinette qui s'envole, accordéon sautillant et la voix puissante, tragique souvent de Délia Romanès qui charrie ce blues déchirant venu de l'Est.
L'histoire d'une rencontre
Alexandre et Delia Romanès se sont rencontrés il y a vingt-cinq ans dans le bidonville de Nanterre où Délia s'était réfugiée après avoir fui sa Roumanie natale dans des conditions épouvantables. À quinze ans, elle traverse le Danube à la nage et rejoint finalement la France. Pour gagner sa vie, elle chante et danse dans la rue, autour des Champs-Elysées et rejoint le soir son campement. Un jour, un type s'arrête en voiture et l'interpelle : "Et toi, qu'est-ce que tu fais ?". "Je fais la misère dans les rues", répond-elle. "Alors viens la faire avec moi." répond l'homme. Lui c'est Alexandre Bouglione, dresseur de fauves et poète publié à la légendaire NRF de Gallimard, ami de Jean Genet qui partagera un temps leur vie de caravanes, qui a quitté le giron familial. Il est le fils de Firmin Bouglione et a créé un vrai cirque tzigane dans la plus pure des traditions. Sans violence sur les animaux, sans esbroufe, mais tout en authenticité et en émotions fortes qui peuvent conduire le spectateur à verser une larme devant un pas de deux d'acrobates, par exemple.
Cette authenticité qui est leur marque de fabrique, ce souci de préserver la culture tzigane, à travers leur Centre culturel Tchirclif qui les amène à inviter des gitans du monde entier à se produire sous leur chapiteau, n'est pas toujours une promenade de santé. Attaques racistes, insultes, vandalisme, les Romanès ont tout supporté, surtout depuis leur installation dans le seizième arrondissement. Mais leur travail leur a aussi valu les honneurs : le cirque Romanès représentait la France à l'exposition universelle de Shanghaï en 2010 et aujourd’hui Alexandre Romanès est le premier Tzigane de France à recevoir la Légion d'Honneur.
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