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L'étoile du jour est un vrai-faux tableau de Rembrandt

Marion Lagardère nous fait vivre un événement survenu dans le monde qui mérite que l'on s'y attarde.

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Tableau "tête d'homme barbu" de Rembrandt ? (AFP PHOTO / ASHMOLEAN MUSEUM UNIVERSITY OF OXFORD)

Il appartient à l’Ashmolean Museum d’Oxford, en Angleterre, et depuis son acquisition en 1951, il est enfermé dans la réserve, à la cave, loin des regards car on parle là d’un tableau honteux, décrédibilisé par l’étiquette de "faux Rembrandt" que lui ont attribué les spécialistes il y a plusieurs décennies. Il s’intitule "tête d’homme barbu". C’est un petit portrait, de 16 centimètres de haut sur 13 de large. On y voit effectivement le visage d’un homme, un vieillard, regard baissé, mélancolique, en clair-obscur comme un Rembrandt. Ou presque, puisqu’en 1981, lorsque le musée a voulu faire homologuer son tableau par le Rembrandt Research Project, seule institution à pouvoir attribuer officiellement une œuvre à l’artiste, les experts l’ont rejeté. La façon dont les traits sont peints prouve, disaient-ils, que cette étude est le fait d’un imitateur, qui par ailleurs aurait produit sa copie bien après la mort du peintre. Bref, affaire classée. Le petit portrait finissait à la cave.

En 2015, sa deuxième chance est arrivée 

Elle s’appelle An Van Camp, elle a été embauchée comme conservatrice au musée et a pour spécialité Rembrandt. Évidemment, elle avait entendu parler de la peinture déclassée. L’année dernière, lorsqu’on lui a demandé d’organiser une exposition sur le peintre, elle a saisi l’occasion et demandé à voir le fameux tableau. La touche du maître lui saute aux yeux. Dans le doute, elle l’a donc fait étudier, d’ordinaire on dirait : "sous toutes les coutures", mais enfin là, en l’occurrence, c’est sous toute la peinture puisque c’est le support qui a parlé. L’œuvre n’a pas été peinte sur toile mais sur bois. Et c’est un dendrochronologiste, un spécialiste en datation du bois, qui a donné le verdict : la planche utilisée vient d’un chêne abattu près de la Baltique vers 1628, le même arbre, le même bois qu’un autre tableau, un vrai de vrai, signé Rembrandt, "Andromède enchainé au rocher", exposé à La Haye. Alors est-ce que cela fait du portrait un Rembrandt ? Un vrai ? Ce qui est sûr c’est qu’il vient bien de l’atelier de l’artiste, qu’il ait été peint par lui ou un de ses disciples, l’œuvre a donc retrouvé la lumière et est exposée à partir d’aujourd’hui à Oxford, avec la mention "atelier Rembrandt". Preuve si l’en fallait encore une, que pour approcher de la vérité, c’est sous le vernis qu’il faut regarder.

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