David Kabua, président des Îles Marshall, craint que son pays soit le premier à disparaître à cause de la montée des eaux
David Kabua, président des Îles Marshall, a crée lundi un véritable malaise en s'adressant à l'ONU. Il sonne l'alarme : son pays fait partie des plus directement menacés par le changement climatique.
David Kabua, 71 ans, président depuis neuf mois des Îles Marshall, est inquiet. Ce petit confetti de terre perdu dans l’océan Pacifique, 180 km², perchés à deux mètres seulement du niveau de la mer, est menacé par la montée des eaux. Il n’y a pas grand-chose sur les 30 atolls qui composent l’archipel, rien à convoiter, rien à exporter, pas de ressources naturelles, seulement des petites fermes, des bateaux de pêche et un immense site de stockage de déchets radioactifs, souvenir des essais nucléaires américains des années 1960.
"Seuls nous ne pouvons rien"
Ce petit bout de terre, tant convoité pendant les guerres pour son emplacement stratégique, n’a plus aujourd’hui aucun levier pour attirer l’attention. Et pourtant, il ne figurera bientôt plus sur les mappemondes. C’est le cri d’alerte lancé par David Kabua, lundi 21 septembre dans un message à l’ONU. Un cri simple : "Mon pays va disparaître si le monde ne tient pas ses promesses, celles faites lors de l’accord de Paris." Il a raconté l’impact du changement climatique, les marées de plus en plus dévastatrices, les évacuations de population, les sécheresses intenses qui engendrent un autre fléau : des nuées de moustiques porteuses de maladies diverses.
Et puis il y a l’argent qui manque pour construire les infrastructures indispensables pour protéger ses 75 000 habitants. De l’argent promis il y a cinq ans, et qui n’arrive pas. Enfin, il y a pire :"Le fait, dit-il, que les pays industrialisés continuent de financer les énergies fossiles, pétrole, gaz et charbon. Nous, nous faisons notre part, mais seuls nous ne pouvons rien."
David Kabua s’adresse aux Nations Unies. L’ONU que les Îles Marshall ont rejoint en 1991 mais qu’elles pourraient bien quitter, de fait, pas volontairement, mais par la force des choses, parce que les atolls vont finir submergés. Il a conclu en interrogeant : "Serons-nous encore là pour les 100 ans de l’ONU, en 2045 ? Et vous ? Allez-vous nous aider à garder nos îles dans ce monde ?" Dans l’assemblée, la question a créé un long silence. David Kabua, lui, n’a rien d’autre à donner qu’une alerte, une prophétie pour tous. On sait, mais l’on regarde ailleurs. L’espoir pourtant existe, il est dans la devise des Îles Marshall : "La réalisation grâce à l’effort conjoint". Et nous avons 25 ans devant nous.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.