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L’infirmière qui s’est occupée de Boris Johnson lorsqu’il a contracté le Covid démissionne de la NHS et dénonce un manque de respect

Un an après avoir pris en charge le premier ministre, Jenny McGee, infirmière en chef de l’unité de soins intensifs à l’hôpital St Thomas de Londres, décrit sa déception de voir les soignants applaudis puis oubliés par le gouvernement.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jenny McGee, infirmière à l'hôpital St Thomas (à droite), le Premier ministre Boris Johnson (au milieu) et Nick Price, expert des maladies infectieuses et consultant (à gauche), à Londres (Grande-Bretagne), le 5 juillet 2020. (ANDREW PARSONS / 10 DOWNING STREET / AFP)

C’est une démission comme il y en a beaucoup, mais celle-ci est d’autant plus fracassante que celle qui part a eu à s’occuper d’un illustre patient : Boris Johnson, le Premier ministre britannique, qui a contracté le Covid-19 il y a un an maintenant. C’était en avril 2020 et Jenny McGee raconte dans un documentaire qui sera diffusé lundi sur Channel 4 comment elle a veillé sur le chef du gouvernement à l’hôpital St Thomas à Londres. "Lorsqu’il est arrivé dans mon service, je me souviens avoir été surprise de voir combien il avait l’air atteint, son visage avait vraiment une couleur différente, il était éteint." Immédiatement, il est placé en soins intensifs, sous oxygène, au milieu d’une dizaine d’autres patients, "dont certains, précise-t-elle, n’ont pas survécu." Et puis, Boris Johnson a repris des forces, il a quitté les soins intensifs et pris la parole pour remercier devant les caméras celle qui avait veillé sur lui "chaque seconde de chaque nuit".

En quelques jours, Jenny McGee devient l’incarnation du dévouement, invitée quelques semaines plus tard au 10 Downing Street, avec d’autres soignants pour fêter les 72 ans du NHS, l’hôpital public. On lui demande de participer à une minute d’applaudissements, immortalisée par les photographes, mais elle refuse : "C’était gênant, on voyait bien que c’était une opportunité pour montrer Boris et ses amis soignants, alors j’ai préféré rester en dehors de tout cela." Parce qu’en parallèle, les mois passent et le gouvernement n’aide pas le personnel de santé, les messages se contredisent chaque jour, les soignants sont épuisés, physiquement, moralement et toujours en train de repousser les limites en terme de moyens.

Nous ne recevons pas le respect qui nous est dû, ni le salaire que nous méritons, ça me rend malade, donc j’ai remis ma démission.

Jenny McGee, infirmière à l'hôpital St Thomas de Londres

dans le documentaire The Year Britain Stopped

Alors quand Jenny McGee a appris ces derniers jours que le gouvernement proposait une hausse de salaire de 1%, elle a dit stop. "Nous ne recevons pas le respect que nous méritons, ça me rend malade, donc j’ai remis ma démission." Sans effusion, pudiquement, elle raconte sa désillusion, son dégoût d’entendre tour à tour de grands discours sur l’héroïsme des soignants puis un silence assourdissant lorsqu’il s’agit d’aider l’hôpital. Elle n’est pas la seule : aujourd’hui, d’après les chiffres publiés par le Guardian, 36% des hospitaliers envisagent de quitter la profession, contre 27% avant l’épidémie. Simplement, on ne les entend pas, on ferme les yeux après avoir applaudi si vaillamment. C’est aussi pour ça que Jenny McGee prend la parole. Pour dire : "Regardez nous, et demandez-vous, élus, dirigeants, décideurs, si vous voulez garder vos héros."

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