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Reinhold Mangundu, le poète namibien qui a convaincu le prince Harry et Leonardo Di Caprio de sauver le fleuve Okavango

Poète et titulaire d’un doctorat en développement durable, il a co-écrit une tribune avec le Prince Harry publiée dans le Washington Post pour demander l’arrêt des forages pétroliers dans le delta de l’Okavango, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, s’attirant le soutien de plusieurs acteurs holywoodiens.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le fleuve Okavango au Botswana. (LYU TIANRAN / MAXPPP)

L’Okavango, c’est l’un des fleuve les plus mythiques d’Afrique, il prend sa source en Angola, traverse la Namibie puis disparaît au Botswana, parce que son delta ne débouche pas sur la mer, mais sur le désert de Kalahari. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2014, c’est un joyau naturel exceptionnel, abritant une diversité incroyable d’animaux, éléphants, zèbres, lions, hippopotames, des centaines d’espèces d’oiseaux, de poissons, de plantes aussi, un paradis qui est aujourd’hui menacé par les foreuses et les pipelines.

C’est l’alerte que lance Reinold Mangundu, 25 ans, auteur de nombreux poèmes sur le fleuve, devenu activiste environnemental, et vent debout contre la pression mise par les prospecteurs pétroliers pour s’emparer des grosses réserves de gaz et de pétrole que recèle le sous-sol du delta.  

Les ingénieurs parlent de 30 à 120 millions de barils potentiels. Des demandes de permis d’exploration ont donc été déposées auprès du ministère de l’Agriculture namibien, la compagnie pétrolière canadienne ReconAfrica en a obtenu un, et elle a commencé à creuser deux puits tests. Concrètement, cela signifie qu’elle a construit des routes, monté des derricks, installé des tiges de forage, et envoyé de la boue dans les tubes pour faire remonter l’hydrocarbure. Tout cela devant les habitants impuissants.

D’où le combat de Reinhold Mangundu, qui refuse de se laisser voler ce qui a fait vivre ses parents, grands-parents et aïeux sur des siècles. "Il y a des choses dans la vie, dit-il, qu’il vaut mieux ne pas toucher pour mesurer le bénéfice qu’elles apportent, et le delta en fait partie."

Pour alerter sur le sujet, il a d’abord organisé une manifestation, à Windhoek, la capitale namibienne. Mais sa pancarte "Non aux forages" n’a pas eu la couverture médiatique escomptée. Sans réponse de son gouvernement, il a donc décidé de taper plus haut, de contacter des stars. Et ça a marché. Cette semaine, le prince Harry a cosigné avec lui une tribune dans le Washington Post pour exiger l’arrêt de tout projet d’exploration, recevant le soutien d’acteurs comme Leonardo Di Caprio et Forest Whitaker.

Résultat : toute la presse people s’est retrouvée à parler de "pétrole et forages en Namibie" et mettre en lumière le dilemme que Reinhold Mangundu résume ainsi : "Soit nous préservons nos patrimoines naturels, soit nous les exploitons jusqu’à destruction. Le choix est simple." Et il ne se pose pas qu’à l’Okavango mais au monde entier.

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