Sam Beaugey, l’alpiniste qui raconte dans un livre ses "Petits désastres", quand l’ascension ne se passe pas comme prévu
En trente ans d’escalade, le Haut-Savoyard a grimpé sur tous les grands sites du monde, du Népal à l’Antarctique. De quoi susciter l’admiration. Mais justement, il publie un récit inverse : celui de l’expérience de l’échec, quand rien ne se passe comme prévu.
Il y a la gloire, les photos transpirant le triomphe de ces grimpeurs en haut de leurs rochers, une fois le but atteint. Mais il y a aussi l’avant et l’après, que l’on ne voit pas et qu’a choisi de raconter Samuel Beaugey dans un livre qui vient de paraitre et s’intitule éloquemment Petits désastres.
Une panne de voiture, des chutes de neige, un chagrin d'amour
Les "petits désastres", ce sont ces chutes de neige inattendues qui surviennent en pleine ascension d’une paroi et qui obligent à renoncer, c’est la voiture qui tombe en panne sur la route du massif du Yosemite aux États-Unis, ou encore ce partenaire d’ascension, alpiniste chevronné, qui n’a pas su laisser son chagrin d’amour au pied de la montagne et qui se retrouve submergé par les sentiments, au pire moment.
"À vrai dire, il arrive souvent que les évènements ne se déroulent pas comme on l’a souhaité, explique-t-il au journal suisse Le Temps. Pour certains, dans ces cas-là, l’aventure perd de son piquant, elle ne vaut plus la peine d’être racontée."
Moi, j’ai appris au fil de mes glissades que l’échec fait partie intégrante de l’histoire, et qu’il est source d’inspiration, tout autant que l’exploit.
Samuel Beaugey, alpinisteau journal Le Temps
Et en matière de glissades, Sam Beaugey sait de quoi il parle, lui le casse-cou, la tête brûlée. Le genre qui n’en a jamais assez. Qui ne va pas se laisser impressionner par un, deux, trois séjours à l’hôpital. Il vit pour les sensations fortes. Il est alpiniste donc, sur roche et sur paroi glacée, mais aussi skieur en pente raide, et base-jumper. Cet enfant des Alpes est fils d’une gardienne de refuge et d’un guide de montagne. En trente ans, il est allé partout, du Népal à l’Antarctique, alternant, comme il le dit lui-même, échec et exploit.
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Il raconte aussi le fossé qui se creuse, les années passant, entre la tête et le corps, quand le cerveau veut encore grimper, toujours plus à pic, mais que les phalanges se grippent, que les prises sont moins fermes, moins assurées, que l’arthrose engourdit quotidiennement les réveils. Sam Beaugey va bientôt avoir 50 ans et ses articulations le lui rappellent cruellement.
D’où ses questions : faut-il arrêter ? Passer à autre chose ? Non, répond-il, il faut simplement changer de perspective, apprendre à voir l’aventure là où l’on ne la cherchait pas, reconsidérer ce que l’on jugeait trop modeste, trop petit, et se saisir de l’inenvisagé comme d’un nouveau relief.
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