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L'expérience Vendée Globe : Jour 65

Seize micros embarqués à bord de "LinkedOut", le bateau de Thomas Ruyant. Une installation de l'artiste Molécule qui offre une première mondiale : raconter le tour du monde à voile par l'audio. À vivre tous les jours de la course sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Linkedout sur la route des alizés (Pierre Bouras / TR Racing)

Latitude 23°41' sud au large de Linhares au Brésil. Il fait 26 degrés dans l'air, l'eau est à 27, la mer est calme et le vent de secteur est-nord-est souffle à douze noeuds. 

Ce vent est-nord-est de plus en plus stable, en force comme en direction, a permis à Yannick Bestaven de reprendre la tête ce matin. Mais dans les heures qui viennent, il va devoir composer avec un angle moins favorable que celui choisi par ses adversaires, dont LinkedOut qui pourtant sans son foil amputé était le plus rapide au-delà des 14 noeuds. 

Mais sur la route des alizés, les cinq premiers se tiennent sur 40 milles nautiques, le Top 9 sur 130. Autant dire pas grand-chose. Et les bonus de temps accordés à ceux qui s'étaient déroutés pour sauver Kevin Escoffier prennent de l'importance dans des positions aussi resserées. Thomas Ruyant s'accroche : 

"Ça fait drôle quand tu regardes la carto et que tu vois tous ces bateaux collés-serrés après deux mois de course. C'est assez incroyable, c'est dingue : ça ne partira jamais devant sur ce Vendée Globe ! La situation météo fait qu'on recolle comme ça, systématiquement. Cela fera un finish haletant jusqu'au bout, on va tous arriver la même journée, voire en 48 heures.  La configuration météo a provoqué ces regroupements, qu'on ait des foils ou pas. Car même si on a la capacité à aller vite, quand on a de la pétole, tout le monde s'arrête. Il n'y a pas grand-chose à faire. (On entend même les clapotis dans le carnet de bord sonore du jour) Du coup, il y a plein de bateaux différents, dotés de capacités de vitesse différentes ; il y a des bateaux à 100% de leur potentiel, d'autres amoindris."

LinkedOut privé de son foil babord

"J'ai d'autres foilers autour de moi, qui me font un peu peur, parce qu'on est en tribord amures jusqu'aux Canaries. Et ce n'est pas mon bon côté. Il n'y a rien qui compense la perte d'un foil. Je vais faire du mieux que je peux. Il va me falloir tout le temps réguler l'allure, plus toiler et parfois moins toiler pour trouver des façons de faire un peu différentes. Mais cela ne compensera pas la différence avec un bateau debout sur son foil. Je suis à 80° du vent, je suis à 15 nœuds au lieu de 20. Mais je m'accroche.  Je savais que ce serait le scénario pour cette remontée."

Il y aura du jeu jusqu'au bout.

Thomas Ruyant

à franceinfo

 "Côté météo, c'est beaucoup mieux qu'hier, c'est stabilisé. Il y a encore quelques variations de force et en direction, il faut être 'dessus' pour ajuster le tir. On commence à avoir du vent, avec un alizé qui se cale tout doucement et qui va ouvrir à mesure qu'on va progresser par le nord. Il va y avoir de jolis bords de reaching à haute vitesse en foiler. Il fait chaud, on sent les douceurs brésiliennes, je suis en caleçon. Depuis une semaine, on s'est bien réchauffé, ça fait du bien de sentir que le  bateau sèche. Les bouts dans le cockpit sont secs, on n'a plus cette humidité permanente. La grosse chaleur, ce n'est pas mon grand truc, mais c'est quand même bien de sentir le bateau plus sec."

Et de se tenir dans les starting-blocks des alizés pour filer sur l'Équateur. Chaque jour est un éternel recommencement

 

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