Cet article date de plus de douze ans.

A Londres, la déchéance d'un banquier vedette

L'ancien patron de la Royal Bank of Scotland a perdu son titre de "chevalier".
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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A partir de maintenant, il faut l'appeler Fred Goodwin. Et non plus "sir" Fred Goodwin. Une "commission de déchéance" vient de lui retirer son titre, à cause de sa responsabilité dans la crise financière de 2008.

Ce genre de décision est très rare. Le quotidien The Guardian donne la liste des personnalités déchues depuis la seconde guerre mondiale : Mussolini, Ceauscesu ou encore Robert Mugabe, le dictateur du Zimbabwe, y figurent. Le banquier rejoint des parias. Il est officiellement déshonoré.

Pourtant, il y a dix ans, dans son milieu, Fred Goodwin était une star. A la tête de la Royal Bank of Scotland, il enchainait les succès. Quadragénaire arrogant, il incarnait la City et la toute puissance financière.  En 2002, le magazine Forbes l'avait désigné "homme d'affaires de l'année". En 2004, sous le gouvernement de Tony Blair, le titre de "sir" lui avait été accordé au nom de la reine, pour "services rendus à la banque".

Mais en 2008, la crise est arrivée. En quelques semaines, la Royal Bank of Scotland s'est effondrée. L'Etat a volé à son secours. Il a mis sur la table 55 milliards d'euros. Aujourd'hui encore, il possède 82% du capital de RBS. Le fleuron de la finance est devenu un poids lourd pour les contribuables. Et Goodwin un symbole de cet échec, car il a pris de mauvaises décisions : il a précipité la faillite de la banque ; il a mis en danger l'économie britannique. Et jusqu'au bout, il s'est montré cupide. En quittant son poste, en 2008, au coeur de la crise, il s'est accroché à son parachute doré : environ 20 millions d'euros.

Goodwin perd donc son titre de chevalier. A Londres, ce matin, presque personne ne le défend. Même le premier ministre David Cameron, qui est très proche du milieu financier, estime que cette déchéance est une "bonne décision". Le banquier est devenu un ennemi public.

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