La Rinconada, le Far West au sommet du Pérou
Quelques maisons en briques, mais
surtout des cabanes en tôle... Dans les années 2000, quand le cours de l'or a commencé
à flamber, la Rinconada, qui était un campement, est devenue une ville. Aujourd'hui, 30.000
personnes y travaillent, au pied du glacier. Dans Le Figaro ,
Frédéric Faux leur donne la parole. Les chercheurs d'or sont perchés sur les
talus, devant les mines : Evelyn, par exemple, agenouillée à même le sol, un
marteau à la main. Elle guette des pierres ou un simple reflet, tout ce qui
peut indiquer la présence de l'or. En une semaine, elle gagne jusqu'à 55 euros.
Ce n'est pas une fortune mais pour elle, c'est beaucoup. Pour tenter leur
chance, les "pallaqueras", comme on les appelle, viennent souvent de
loin. La misère les pousse.
Ces mineurs travaillent de manière illégale, au coeur d'une
économie parallèle. L'un d'eux explique le système : "Trois coopératives s'enrichissent
avec l'or de la montagne. Nous, les mineurs, n'avons même pas droit à un
salaire. Une fois par semaine, ou une fois par mois, on peut travailler pour
notre compte et repartir de la mine avec tout ce que l'on peut porter sur notre
dos. C'est le 'cachoerro' : si vous avez de la chance, vous avez dans votre sac
quelques grammes d'or, sinon vous perdez tout ."
La loi du plus fort
L'or
aiguise les appétits et les crimes sont courants. Depuis longtemps, la police a baissé
les bras. Dans Le Figaro , Frédéric Faux interviewe le brigadier Heriberto, qui
répond franchement : "Lorsqu'on veut intervenir, les mineurs nous font
face, en groupe, et nous devons battre en retraite. Ils se font justice
eux-mêmes et ne parlent pas avec la police... On tombe souvent sur des cadavres
plusieurs jours après les faits ". Le week-end, des bandits viennent ici
pour voler car ils savent que les mineurs ont de l'argent sur eux.
Le gouverneur envoyé par l'Etat essaie de faire régner
l'ordre. Mais sur qui peut-il s'appuyer ? Sûrement pas sur les élus locaux :
"Il y a ici des centaines de prostituées mineures, dit-il, et l'un des
bordels appartient à un juge ". Quant au maire, il a autorisé l'ouverture
de plus de 200 bars, car il est corrompu. La Rinconada deviendra-t-elle un jour
une vraie ville, avec des règles et des équipements ? Difficile à imaginer, car
la population est mouvante. Dans Le Figaro , Martin, un des mineurs, explique
qu'il va continuer à s'acharner : "La fortune peut arriver sans prévenir,
dit-il. Du jour au lendemain ! "
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