L'info de l'histoire : la Corse, une île catholique ouverte sur le monde

L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida.
Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une fresque réalisée à Ajaccio (Corse) pour la venue du pape François le 15 décembre 2024 (PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP)

La visite du pape en Corse nous donne l’occasion de revenir sur l’histoire religieuse de cette île, où 90% de la population se déclarent catholiques. Une christianisation ancienne, remontant jusqu’au Ve siècle de notre ère, avec des dimensions caractéristiques fortes, comme les polyphonies sacrées développées par les pères franciscains dès le XVIIe siècle.

Le christianisme est si ancré que le patriote corse Pascal Paoli choisi en 1755 un chant religieux, Dio Vi Salvi Regina, pour hymne de cette jeune nation, qui adopte la première Constitution écrite républicaine moderne.

Pourtant, d’autres religions sont arrivées sur l’île. L’islam des premiers âges y a posé le pied. Il y a eu des juifs marranes fuyant les persécutions et même aussi des juifs génois ou padouan. Peu de protestants, au point que l’île ne connaît pas les guerres de religion qui ravagent le continent au XVIe siècle.

Et il y a l‘histoire extraordinaire des grecs orthodoxes de Cargèse : en 1676, ils quittent Maïni, en Laconie, vers Paomia, en Corse, fuyant les persécutions des Ottomans. Leur installation n’est pas facile. Ils connaissent des brimades et agressions de la part de leurs voisins de Vico et Renno, doivent partir pour Ajaccio, avant de revenir à la faveur de la conquête française.

"L'île des Justes"

En fait, la tolérance et l’hospitalité finissent par triompher. Des protestants s’installent au XIXe siècle      sans violence. Et surtout, pendant la Shoah, la Corse devient l’île des Justes. Grâce à Paul-Louis-Emmanuel Balley, préfet de Corse de 1940 à 1943 et à ses sous-préfets, un seul malheureux est déporté, par accident… Car ces fonctionnaires n’ont pas déclaré, dans leurs rapports, des juifs réfugiés, mais des "touristes" venus du continent. Et la population a été complice de ce beau mensonge par omission.

En somme, la Corse est une patrie de la foi catholique mais ouverte. C’est ce message que le pape veut faire entendre depuis cette île qui est souvent un modèle pour notre citoyenneté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.