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L'info de l'Histoire : la longue progression des femmes dans la CGT

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Article rédigé par franceinfo, Fabrice d'Almeida
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Sophie Binet, élue le 31 mars 2023 à la tête de la CGT pour succéder à Philippe Martinez. (JEFF PACHOUD / AFP)

 Cette semaine, Sophie Binet a été élue à la tête de la CGT. C’est la première fois qu’une femme parvient à la tête de cette centrale syndicale. Pourtant, dès le congrès de création de la CGT, en septembre 1895, des ouvrières étaient présentes dans le mouvement. Trois d’entre elles venaient de Limoges où elles avaient animé une dure grève dans l’entreprise où elle fabriquait des corsets. Elles réclamaient une hausse de rémunération, refusaient les séances de prière collective à l’usine, ainsi que les retenues sur salaire en cas de faute.

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La question de l’égalité salariale les met en tension avec une partie des membres masculins de la confédération pour qui les femmes affaiblissent la position des ouvriers dans la lutte. Mais les ouvrières gagnent leur place dans les syndicats et sont très actives dès l’entre-deux-guerres. Certaines se hissent au secrétariat confédéral, telle Marie Guillot, une enseignante.

Le grand changement dans la reconnaissance de leurs revendications spécifiques intervient après 1945. Des femmes issues de la Résistance et membres du Parti communiste sont promues. Désormais, on prône la création de commissions féminines dans les unions locales et les branches. Et une secrétaire fédérale coordonne cette action. Madeleine Colin, à partir de 1955, joue un rôle crucial dans cette histoire. En 1955, elle fonde un magazine destiné aux militantes, Antoinette. Et en elle en assure la direction pendant 20 ans. Elle crée un réseau de commissions féminines dans les syndicats dans toute la France. Elle est même la porte-parole de la CGT pour les élections à la sécurité sociale de 1962 et passe à la télévision durant la campagne.

Son travail est bousculé par les revendications du nouveau féminisme dans les années 1970. Les commissions sont progressivement marginalisées à partir de 1977 et Antoinette s’arrête en 1989. Une nouvelle histoire commence qui voit des femmes accéder à des postes non-spécifiques. Bernard Thibault favorise leur avancée au sein de la direction. Elle gère notamment l’organisation et la communication. 

C’est pourtant la CFDT qui met à sa tête une femme pour la première fois : Nicole Notat, en 1992. Cette pionnière doit faire face à des préjugés y compris dans sa propre confédération. À Sophie Binet aujourd’hui de relever le double défi de la lutte sociale et de la lutte des femmes.

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