L'info de l'Histoire : Louis Blanc et la retraite pour tous
Alors que s’anime le débat pour ou contre la réforme des retraites, l’occasion nous est donnée de revenir sur le lien entre cette noble institution et la démocratie. Car c’est avec l’adoption du suffrage universel masculin en France que s’est imposé aussi dans notre pays l’idéal de la retraite.
C’était en 1848. Autour d’un personnage essentiel : Louis Blanc un écrivain et homme politique proche des socialistes. Louis Blanc c’est l’auteur d’un ouvrage de référence : L’Organisation du Travail, paru en 1847. Avec la Révolution de 1848, il rêvait d’avoir un grand ministère du Travail. Mais Lamartine s’y oppose. Louis Blanc est alors nommé à la présidence d’une commission sur le travail. C’est un peu comme notre CESE actuel. La commission siège au palais du Luxembourg, où se trouve aujourd’hui le Sénat. Cette commission du Luxembourg voulait d’abord lutter contre le chômage massif à l’époque. Elle devait appliquer le tout nouveau droit au travail pour chaque citoyen, adopté le 24 février 1848. Sous l’autorité de Louis Blanc, elle décide de créer des ateliers nationaux, sorte de grandes entreprises publiques pour donner du travail aux chômeurs, et elle envisage aussi de garantir les pensions pour les vieillards et les invalides qui ne peuvent plus travailler si les métiers veulent les établir. Le but de Louis Blanc : lutter contre "l'antagonisme" entre patrons et ouvriers.
Cela va susciter des initiatives locales. À la Croix-Rousse près de Lyon, où vivent de nombreux tisserands, un projet de "pensions communales pour les vieillards et invalides pauvres des deux sexes" voit le jour. Les travailleurs incapables de subvenir à leurs besoins recevront 150 FR en deux fois en juin et en janvier. C’était l’équivalent de 1 000 euros actuels. Un petit complément basé sur une taxe de 2% sur le chiffre d’affaires brut des entreprises de la ville. Une douzaine de pensions sont ainsi distribuées chaque année.
C’est le début d’un mouvement de progrès social pour que notre république soit juste avec ses citoyens et solidaire avec ses personnes âgées, pour éviter comme le disait le maire de la Croix-Rousse, pour éviter que qu’elles ne doivent "se dégrader par l'aumône, se déshonorer par le vol, ou se résoudre à mourir". On retrouve un peu de ces réflexions, dans les débats de nos jours.
Pour en savoir plus : François Dutacq, Un projet de retraites ouvrières communales sous la Deuxième République, La Révolution de 1848. Bulletin de la Société d'histoire de la Révolution de 1848, Tome 6, Numéro 35, Novembre-décembre 1909. pp. 277-289.
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