Politique et ballon rond : comparaison n'est (peut-être) pas raison
Ici comme ailleurs, et aujourd'hui comme hier, on file la
métaphore footballistique en négatif, avant la qualification des bleus, et en
positif, après. La France qui perd, aujourd'hui la France qui gagne.
Légèrement
caricatural, dites-vous ? Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, décidément
sur tous les fronts médiatiques se méfie des métaphores, tout en s'y sacrifiant
lui aussi. La victoire des Bleus peut-elle jouer sur l'humeur d'un pays morose
?
"Je crois qu'il faut se garder de toute comparaison.
Ce n'est jamais gagné d'avance et cela demande toujours un effort. Ce qui a
marché c'est le collectif, l'énergie et l'on souhaite que cela continue. " (Jean-Marc Ayrault)
Ou comment s'inspirer des leçons du ballon rond tout en s'en
défendant..
Sur France 2, le ministre de l'Education Vincent Peillon tire
clairement les conclusions de la séquence : "Quand on est dans la difficulté ce n'est pas le
moment de lâcher les copains , a expliqué le ministre de l'Education nationale. Ce côté, il y a eu un match difficile et derrière
tout le monde en profite pour dire le plus grand mal, c'est une curieuse façon
d'être et de relever ensemble les défis."
"On doit quand même s'interroger
collectivement sur ce rapport que nous avons en ce moment, la façon de lâcher
notre équipe quand elle est en difficulté." (Vincent Peillon)
La métaphore du président
François Hollande lui-même a joué le jeu de la métaphore au Stade
de France, sur le mode implicite. "L'équipe de France nous montre un
exemple, il faut y croire ", a déclaré le chef de l'Etat.
Certains
responsables UMP ont crié à la récupération. De son côté, le député UMP de Haute-Loire
Laurent Wauquiez, sur LCI, voudrait que François Hollande s'inspire de l'équipe
de France : "Ce qui serait bien c'est qu'il ne se contente pas de
dire et qu'il s'applique à lui-même la leçon des bleus. Quand est-ce que l'on
fait pareil pour la France et que l'on se bouge ? "
Les comparaisons énervent
Ces comparaisons agacent Nathalie Kosciusko-Morizet, et la députée UMP des Yvelines et candidate à la mairie de Paris l'a fait savoir sur
Europe 1 : selon elle, Jean-Marc
Ayrault n'est pas Mamadou Sakho. Son truc à lui, c'est pas le ballon, c'est la
réforme fiscale.
"Comparer Sakho qui a offert deux buts magnifiques à
la France et qui a mis tout le monde en joie, et Jean-Marc Ayrault qui n'offre
rien, ni bonheur, ni perspective à personne, là je ne suis pas d'accord, a-t-elle expliqué. Cela
fait des mois qu'il nous annonce une pause fiscale, un moratoire, une
récréation, une remise à plat. A chaque fois c'est un mot différent et à chaque
fois cela se finit pareil. Avec une nouvelle taxe et une nouvelle hausse d'impôt. "
Le Premier ministre se défend
Une et deux et trois fois de suite, le Premier ministre
dément toute considération tactique quant à cette grande réforme fiscale qu'il
appelle de ses vœux.
Jean-Marc Ayrault veut rétablir le lien entre les Français
et l'impôt : "Ce qui est grave c'est que l'on a l'impression, on le
voit, que c'est plutôt la contestation de l'impôt lui-même parce que l'on a le
sentiment que cela ne sert pas vraiment à ce que l'on a dit et que ce n'est pas
juste. Ce n'est pas bon dans une République parce que l'impôt c'est une
contribution citoyenne à un projet collectif. C'est cela qu'il faut absolument
rebâtir. C'est fondamental pour consolider notre République. "
Le Premier ministre "sent monter dans le pays le doute de
ceux qui paient l'impôt ". Pour lancer cette vaste remise à plat de la
fiscalité, il recevra les partenaires sociaux lundi et mardi prochain.
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