Cet article date de plus de cinq ans.

"C’est maintenant que l’on va commencer à voir les premiers effets" sur les entreprises du mouvement des "gilets jaunes"

Pierre Pelouzet, médiateur des relations inter-entreprises, auprès du ministre du redressement productif, a répondu aux questions d'Emmanuel Cugny, mardi soir sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Pierre Pelouzet, médiateur des relations inter-entreprises, auprès du ministre du redressement productif, le 9 avril 2019. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Près de 40 PME mettent la clef sous la porte chaque jour en raison de retards de paiement. Les grands groupes et les administrations publiques qui ne paient pas leurs fournisseurs dans les temps et la machine s’enraye. La Banque de France vient de publier le bilan des défaillances d’entreprises pour le mois de janvier avec une hausse de 0,6% en général par rapport au même mois de 2018. Il y a une hausse de 13% dans le secteur des transports et l’entreposage. Au total, il y a 54 300 entreprises en souffrance. Pierre Pelouzet, médiateur des relations inter-entreprises, auprès du ministre du redressement productif, a répondu aux questions d'Emmanuel Cugny, mardi 9 avril.

Comment expliquer ce phénomène ?

Pierre Pelouzet : On sait qu’il y a une partie conjoncturelle. Il y a probablement un effet "gilets jaunes", un effet ralentissement ou incertitude économique, le Brexit… mais il y a aussi, malheureusement les retards de paiements. C’est simple : un chef d’entreprise qui est déjà en difficultés, une facture ne rentre pas, l’argent n’est pas là où il devrait être et cela peut être la catastrophe : on ne peut payer son Urssaf, on ne peut plus payer ses employés et c’est la défaillance.

Peut-on mesurer concrètement l’impact des blocages occasionnés par les "gilets jaunes" ?

C’est un phénomène décalé. C’est maintenant que l’on va commencer à voir les premiers effets. Peut-être sont-ils déjà inclus dans ces chiffres, mais pas tous, à mon avis. Il y a un effet retard, car c’est maintenant que les entreprises vont devoir payer leurs fournisseurs.

Faut-il renforcer les sanctions ?

Je crois que l’on a beaucoup fait sur les sanctions. On est à 375 000 euros d’amendes, on passer à 2 millions d’euros récoltés. On a publié sur le site de la Direction générale de la consommation, de la concurrence et répression des fraudes le nom des contrevenants. Dans la loi Pacte, on va faire en sorte que les sanctions soient publiées dans les journaux. Il y a un moment où la loi ne peut pas tout. Il faut changer les états d’esprit. Notre travail est de faire prendre conscience à tous ces gens, qui occasionnent les retards de paiements, les catastrophes qu’ils sont en train de créer.

Quel manque à gagner pour les petites et moyennes entreprises ?

On sait qu’il y a onze jours de retards en moyenne. On sait que ce sont 13 milliards d’euros qui sont dans les caisses des grands groupes, des grandes administrations et qui devraient être dans les casses des TPE et PME.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.