Florence Berthelot (Transports routiers) : "Nous n’avons pas l’intention de payer" la vignette
Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR, la Fédération nationale des transports routiers, était l'invitée de "L'interview éco" sur franceinfo jeudi 7 juin.
Le gouvernement envisage de taxer les poids lourds et souhaite instaurer une vignette. Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR, la Fédération nationale des transports routiers, était l'invitée, jeudi 7 juin 2018, de "L'interview éco" sur franceinfo.
franceinfo : Combien allez-vous payer ?
Florence Berthelot : Nous attendons de le savoir mais nous n'avons pas l'intention de payer quoi que ce soit parce que nous considérons que nous payons déjà. Nous n'allons pas reprendre le feuilleton de l'écotaxe qui a occupé la profession de 2007 à 2014 et qui avait été abandonnée en 2014, moyennant l'augmentation de la fiscalité sur le carburant. Donc nous considérons que nous payons déjà et nous demandons au gouvernement de mieux utiliser les recettes que nous versons.
Cette vignette pourrait rapporter, grâce à la contribution de votre secteur, 320 millions d'euros par an. Est-ce que c'est trop pour financer des routes et infrastructures que vous utilisez tous les jours ?
Nous avons accepté quatre centimes d'augmentation en 2014, à l'abandon de l'écotaxe portiques. Ces quatre centimes rapportent 475 millions d'euros. Maintenant on nous dit qu'il faut encore 320 millions pour financer on ne sait pas trop quoi. On nous parle dans le rapport du Conseil d'orientation des infrastructures, des plans à 40, 50, 60 milliards d'euros ou plus. La vignette en rapport à 325 millions ou 400 millions d'euros, on ne comprend pas trop.
C'est un non ferme et définitif ? Même si ce n'est pas le même système que l'écotaxe ?
C'est un non ferme et définitif. Ce qui est formidable, c'est qu'on fait à la fois du marketing et de la sémantique. Depuis un an, on nous dit, il faut faire payer un péage de transit, puis après on nous dit, on va augmenter la TICPE. En fait, on cherche à faire une taxe. Après que vous l'appeliez redevance, vignette, etc... ça reste une taxe. De la part d'un gouvernement qui a annoncé qu'il n'y aurait pas de nouvelles taxes, on ne peut que s'étonner. La vignette c'est une taxe.
Qui va payer pour nos infrastructures de demain ?
Nous payons déjà tous. L'ensemble des usagers de la route rapportent chaque année à l'Etat 39 milliards d'euros. Peut-être que l'Etat devrait mieux se servir de l'argent qu'il collecte déjà. Nous disons que si avec 39 milliards d'euros, il n'y a pas les moyens de financer les infrastructures, nous on se demande où va l'argent.
Si le gouvernement va au bout de son projet, que ferez-vous ?
Nous prendrons nos responsabilités. Nous avons tentez de discuter et tous les arguments que j'évoque, nous les avons développé lors des assises nationale de la mobilité et dans la préparation de la loi d'orientation des mobilités. On attend des annonces la semaine prochaine. Mais à un moment donné, on sent bien qu'il y a une volonté politique de taxer de manière purement symbolique pour dire qu'on a fait quelque chose. Nous ce que nous souhaitons, c'est que si on doit nous parler d'écologie, ou si on doit nous parler d'infrastructures, il faut nous laisser faire. Nous nous faisons notre transition écologique. Nous avons plutôt besoin d'être aidés que punis.
Vous voulez des nouvelles ristournes fiscales ?
Non. Nous avons déjà un suramortissement pour l'acquisition de véhicules au gaz naturel. Nous voulons pouvoir profiter du développement de l'hydrogène. Je note que dans le plan hydrogène on ne parle pas de nous mais nous avons des idées.
Encore une fois, que ferez-vous si le gouvernement va au bout ?
Nous verrons bien. Je n'ai aucun mandat pour vous dire qu'on va engager des grandes actions de démonstration. Ce que nous souhaitons c'est d'avoir une discussion claire et précise avec le gouvernement. Ce que nous n'avons pas. Nous avons demandé depuis plusieurs mois, comment était utilisé l'argent que nous payons. Nous n'avons pas la réponse.
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