Fraude fiscale : "UBS doit payer", selon Bradley Birkenfeld, un ancien salarié de la banque
Bradley Birkenfeld, ancien banquier d'UBS qui a dénoncé le secret bancaire suisse, est l'invité de l'interview éco. La banque sera jugée à Paris, à partir de lundi, pour un vaste système de fraude fiscale.
Bradley Birkenfeld, ancien banquier d'UBS a révélé une des plus colossales fraudes fiscales. Il a brisé aux États-Unis le secret bancaire suisse. Il a été en prison dans son pays pour cette affaire, avant de gagner des dizaines de millions de dollars pour récompenser son rôle de lanceur d'alerte. Il publie ces jours-ci Le banquier de Lucifer aux éditions Max Milo, pour raconter son aventure.
franceinfo : À l'époque vous démarchiez de riches clients étrangers pour cacher leur argent en Suisse, et puis un jour, vous dénoncez cette situation aux États-Unis. Pourquoi ?
Bradley Birkenfeld : Il était important de réveler les faits illégaux d'UBS parce qu'ils m'ont menti, ils ont menti aux clients, aux collègues et aux actionnaires d'UBS. C'était quelque chose qui devait être révélée.
Sur la liste, combien y'avait-il de clients et quelles sommes ?
Le desk d'UBS gérait 19 000 clients et les actifs de gestion étaient de 20 milliards, mais c'était simplement les comptes bancaires, ça ne prenait pas en compte les avions privés, les yachts, les oeuvres d'arts ou encore la joaillerie.
UBS a payé une amende de 780 millions de dollars, et vous, vous avez passé plus de deux ans en prison. La justice vous reprochait de ne pas avoir tout dit. En voulez-vous à votre pays ?
Ce n'est pas une question de colère, mais une question d'inégalité et d'avoir été un bouc émissaire. Le gouvernement américain devait faire porter la faute sur quelqu'un. La CIA, les milliardaires, les PDG... Pourquoi est-ce que cette affaire devrait être révélée par un seul lanceur d'alerte? Punissez-le, que se soit lui qui paye.
Et en même temps, à la sortie de prison, vous avez reçu un chèque pour vous récompenser. Combien avez-vous touché comme lanceur d'alerte ?
Le chèque de départ était de 104 millions de dollars, il représentait une fraction seulement de l'amende d'UBS. Mais maintenant, tout l'argent des clients a été ramassé par le fisc et des chèques additionnels devront m'être versés.
Vous l'avez fait pour l'argent ?
Pas du tout, j'ai étudié le système de lanceur d'alerte un an et demi avant que cette loi soit votée. Les gens m'ont accusé de faire ça pour de l'argent, c'est incorrect. Je l'ai fait parce que c'était la bonne chose pour aider les autres et pour que UBS soit tenu pour responsable. Et maintenant, nous voyons que le monde rend UBS responsable, y compris le système français. La France a eu le courage de poursuivre la voie judiciaire. Le temps de la transparence est venu. J'ai déjà été auditionné par les magistrats, en 2015, pendant dix heures. Je serais heureux de fournir des témoignages additionnels. J'entends être présent au tribunal lundi.
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