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Jean-Paul Hamon (Fédération des médecins de France) : "On dérégule complètement le système de soins !"

Fin du "numerus clausus", lutte contre les déserts médicaux, nouveau rôle pour les pharmaciens... Les députés examinent le projet de réforme du système de santé. Mais pour Jean-Paul Hamon, président de la FMF, le compte n'y est pas.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

La réforme du système de santé arrive devant les députés. Jean-Paul Hamon, généraliste près de Paris, et président de la Fédération des médecins de France, était l’invité de L’Interview éco lundi 18 mars. Il rejette le projet du gouvernement et ne fait pas davantage confiance aux députés "qui pondent n’importe quoi en ce moment".

Médecins et pharmaciens : "Chacun son rôle"  

Des députés proposent d’autoriser les pharmaciens à délivrer, sans ordonnance d’un médecin, des médicaments qui aujourd’hui nécessitent une ordonnance. Cette mesure concernerait des pathologies légères, comme les angines. Le dispositif serait encadré. Pour Jean-Paul Hamon, c’est une mauvaise idée : "Une angine est légère une fois que je l’ai examinée. Ce n’est pas seulement regarder la gorge, c’est également écouter le cœur, vérifier qu’il n’y a pas d’éruption, ni de syndrome méningé (….) Je ne comprends pas pourquoi les députés veulent faire changer de métier aux pharmaciens. Chacun son rôle. On est en train de déréguler le système de soin, avec la bénédiction du gouvernement".  

De nombreux Français ont du mal à obtenir un rendez-vous avec un médecin. Avec la suppression du numerus clausus, le gouvernement espère que 20% environ de médecins supplémentaires seront formés. Jean-Paul Hamon y croit peu, faute de moyens supplémentaires pour l’enseignement. "Et de toutes façons, ajoute-t-il, si ça portait ses fruits, ça ne porterait ses fruits que dans dix ou douze ans. Or, actuellement, l’Ile-de-France qui a perdu 20% de ses médecins libéraux, a besoin urgemment de médecins".  

Instaurer la coercition, dire aux étudiants en médecine que ce sont des ingrats est d’une stupidité sans nom

Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France

sur franceinfo

Des députés veulent contraindre les étudiants de deuxième cycle à faire leur stage dans des déserts médicaux. "Une stupidité sans nom, selon Jean-Paul Hamon. Car ils sont en formation, ont des cours, et doivent rentrer tous les jours à la fac. Par contre, nous, ce que nous demandons, c’est que les étudiants de troisième cycle connaissent l’exercice libéral lors de leurs études. Ces internes-là ont les moyens d’avoir une prime, pas négligeable, qui leur permettrait de découvrir l’exercice libéral en zone démographiquement faible. Cet exercice est passionnant !"    

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