L'interview éco. Une remontée du baril à 110 dollars est "difficile à imaginer"
Matthieu Auzanneau, directeur du think-tank spécialisé dans la transition énergétique, Shift Project, est revenu, mercredi pour franceinfo, sur l'accord de réduction de la production trouvé lors du sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Un baril à 110 dollars, tel qu'il y était il y a deux ans, est "difficile" à imaginer, a commenté sur franceinfo mercredi 30 novembre Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, un think-tank spécialisé dans la transition énergétique. Les États membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) se sont entendus le jour même à Vienne (Autriche) pour réduire leur production. L'accord scellé après plusieurs mois de négociations était indispensable pour faire remonter les prix du baril.
L'entente trouvé par l'organisation va permettre d'arrêter la guerre des prix qui dure depuis deux ans. "L'Opep s'entend pour donner les conditions qui permettraient au cours du baril de remonter l'année prochaine", explique-t-il. Même avec une réduction importante, il faudrait qu'il y ait un rythme de croissance économique beaucoup plus soutenu pour imaginer un retournement complet du marché. Là, l'Opep s'entend pour arrêter cette guerre des prix et donner les conditions qui permettraient au cours du baril de remonter l'année prochaine."
On aura une augmentation des prix [du carburant]
Matthieu Auzanneau souligne que le pétrole et les énergies fossiles, "indispensables à notre fonctionnement économique sont en train de se tarir et sont nocives pour le climat. Si on veut prendre au sérieux l'accord de Paris et la sortie des énergies fossiles, il faudra tôt ou tard payer les énergies fossiles qui sont en train de saper les conditions de vie futures de manière irréversibles en détruisant l'équilibre climatique," explique Matthieu Auzanneau. Il affirme que, tôt ou tard, il faudra payer les énergies fossiles "beaucoup plus chères". La décision de l'Opep "est un pas de fourmi dans le bon sens", affirme-t-il.
La remontée du cours du baril pourra avoir un effet sur le prix de l'essence à la pompe. "En France, les taxes sur le pétrole comptent pour une très large partie du prix à la pompe", explique Matthieu Auzaneau. Là, on agit sur une fraction du prix total à la pompe. Il est possible que ce soit une augmentation extrêmement substantielle."
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