"Notre responsabilité est de détecter les violences faites aux femmes en entreprise, mais aussi à la maison", estime la présidente de l'Association nationale des DRH
Comment les employeurs doivent-ils faire face aux violences au sein de l'entreprise ? L'Association nationale des DRH (ANDRH) lance jeudi 19 octobre, un guide de bonnes pratiques intitulé "Violences faites aux femmes. Quel rôle pour les DRH et les managers ?" Audrey Richard, présidente de l'ANDRH, en détaille les grands points sur franceinfo.
franceinfo : Le fait que vous publiez ce guide aujourd'hui, est ce que ça signifie que ces violences, elles existent au sein même de l'entreprise ?
Audrey Richard : Ces violences, elles existent dans l'entreprise. Nous sommes confrontés en tant que DRH, en tant qu'entreprises à cette problématique, mais elles existent aussi dans la vie personnelle. Aujourd'hui, la question se pose de savoir quel est le rôle de l'entreprise sur ces sujets-là, sur ces deux facettes de ce sujet qui nous semble important.
Quelles sont les bonnes pratiques à avoir ? Par quoi est-ce que ça commence ?
Pendant longtemps, l'association s'est questionnée pour savoir si nous devions prendre en charge la violence dans le milieu domestique. Avec ce guide que l'on sort et ce travail qui a été réalisé avec ONU Femmes France, nous nous positionnons vraiment sur le sujet. On a mélangé nos forces de spécialistes et de terrain pour justement apporter une réponse à la question : que faut-il faire en termes de prévention, en termes d'accueil et d'actions concrètes ?
J'imagine que ça commence par savoir à qui s'adresser ?
Je rappelle d'ailleurs le numéro 3919 ou par SMS, le 114. Mais avant cela, il y a d'autres choses à faire. Il faut d'abord répondre à la question : comment est-ce que je détecte qu'il y a un problème de violence auprès d'une femme, auprès d'une salariée ? Il existe aussi des hommes qui peuvent subir des violences, mais statistiquement, on a davantage de salariées femmes qui sont concernées. D'ailleurs, on l'a particulièrement vu dans nos entreprises au moment du Covid, puisque c'est à ce moment-là que le travail s'est déporté à la maison et que nous, DRH ou managers, nous avons dû gérer ces problématiques. L'entreprise a fait face et le DRH a trouvé des solutions pour aider ces femmes victimes.
Qui faut-il former en priorité ? L'équipe dirigeante ? Tous les collaborateurs ? Est-ce qu'il faut que tout le monde soit sensibilisé à ces questions et notamment à la détection des violences au sein de l'entreprise, puisque ça fait partie des sujets que vous abordez dans ce guide ?
Bien évidemment, il faut former puisque cela fait partie de la prévention. Oui, il faut commencer en haut. Il faut qu'il y ait cette conscience collective de protection et de bons comportements. Si nous détectons de mauvais agissements, il faut agir immédiatement et proposer des actions. Donc la formation, oui, est importante. D'ailleurs dans beaucoup d'entreprises, cela a déjà été fait et réalisé.
Avec des référents également dans les entreprises
C'est un bon moyen en effet d'avoir un relais de proximité qui va pouvoir être à l'écoute, recueillir la parole, écouter et ensuite essayer de trouver des solutions. Les DRH ont deux possibilités. Ils peuvent discuter avec leurs partenaires sociaux pour travailler sur des accords, et des propositions concrètes d'aménagement. Mais on a aussi d'autres entreprises, d'autres managers ou RH qui vont enclencher des actions. Par exemple, des DRH peuvent, sur le temps de travail, proposer à la personne victime d'aller porter plainte, de faire des démarches administratives ou même une recherche de logement. Ce sont des choses qui existent.
Concernant les violences au sein même des entreprises, que faut-il faire ?
C'est assez simple, il faut le dire et donc être vraiment à l'écoute. Lorsque l'on est confronté à cela, une enquête doit se met en place immédiatement. Ensuite, évidemment, si celle-ci est avérée alors on prend des sanctions.
Ces violences, ne se réduisent-elles pas avec la féminisation des équipes dirigeantes ? Je rappelle que vous avez été DRH d'Orange, Capgemini, SNCF, Dassault Systèmes.
Le sujet est pris de façon tout à fait volontariste. Je pense que c'est peut-être dû à cette féminisation, mais pas forcément. Cependant, le sujet est un sujet de société et c'est la responsabilité des entreprises d'assurer la santé et la sécurité dans l'enceinte de l'entreprise. Donc on a beaucoup évolué. L'ANDRH, vraiment, met un point d'honneur à aller encore plus loin sur ces sujets-là pour être à la hauteur et aider ces femmes victimes.
La violence ne commence-t-elle pas par la discrimination salariale ? Les femmes sont payées 4% de moins que les hommes à temps de travail et postes comparables. Lors de la conférence sociale lundi 16 octobre, la Première ministre Élisabeth Borne a proposé aux partenaires sociaux de bâtir un nouvel index hommes/femmes pour mesurer les discriminations salariales entre femmes et hommes et les différences d'avancement de carrière.
Ce sujet est également pris à travers l'index égalité homme/femme qui probablement va évoluer. Il est en évolution, depuis sa création. Les DRH ont cette volonté évidemment de rendre cet index le meilleur possible et donc enclenche des actions pour réduire les différences salariales entre les hommes et les femmes.
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