Olivier Campenon (Chambre de commerce franco-britannique) : "Le Brexit, c’est déjà demain"
Olivier Campenon, président la Chambre de commerce franco-britannique, était l'invité de L'interview éco, vendredi soir, après l'accord sur la première phase des négociations du Brexit.
Le Royaume-Uni et l'Union européenne ont trouvé un accord, vendredi 8 décembre, sur la première phase de négociations du Brexit, dont la date est toujours prévue pour le 29 mars 2019. "Le Brexit, c'est déjà demain" pour les entreprises, a estimé Olivier Campenon, président de la Chambre de commerce franco-britannique, invité de L'interview éco sur franceinfo, vendredi soir.
franceinfo : Est-ce que le Royaume-Uni peut rester dans le marché unique ?
Olivier Campenon : Theresa May a annoncé qu'elle ne resterait pas dans le marché unique ni dans l'union douanière. C'est assez peu probable. Ce qui l'est, c'est que nous allons vers un accord de commerce qui sera peut-être celui du genre qui a été négocié avec le Canada. Mais le plus important, c'est qu'on rentre dans ces négociations. C'est ce que les entreprises appelaient de leurs vœux. Les entreprises franco-britanniques sont d'abord soulagées qu'elles aient été entendues sur l'urgence de ces négociations. Elles sont absolument nécessaires pour déterminer le futur de nos relations commerciales et surtout diminuer l'incertitude.
Qu'est-ce qui va être le plus dur à régler ? Les normes ou la question des droits de douane éventuels ?
Pratiquement tous les éléments devront être revus, c'est dire l'immensité du travail. Nous n'avons plus que 16 mois avant mars 2019, en réalité, jusqu'à octobre 2018 car les institutions européennes ont besoin d'un peu de temps pour approuver les éventuels accords. On a donc très peu de temps. Mais pour nous, les entreprises, faire tout un changement, informatique par exemple, ça prend au moins un an. Donc le Brexit, c'est déjà demain. Autre exemple qui nous touche tous : le transport aérien. Les plans de vols sont prévus un an à l'avance. Si dès le milieu de l'année prochaine, on n'avait pas de visibilité sur l'établissement de ces plans de vols, on peut se demander comment les avions vont atterrir à Londres. Ces négociations seront complexes. C'est la raison pour laquelle on appelle de nos vœux, comme l'a proposé Theresa May, d'avoir cette période de transition qui donne un peu plus de temps. On a parlé de deux à trois ans, c'est probablement le temps qu'il faudra.
Qui a le plus à perdre s'il n'y avait pas d'accord commercial ?
D'abord, tout le monde. Il n'y a pas de gagnant ou de perdant dans cette séparation. Ce qui impacte un côté du Royaume-Uni impacte de l'autre côté. Le Royaume-Uni est une partie intégrée de l'économie européenne. Nous sommes tous interconnectés. L'impact sera de chaque côté. Évidemment, l'impact sera plus fort du côté britannique. On l'a vu avec la baisse de la livre et avec le taux d'inflation qui commence à remonter. Mais ne nous méprenons pas, ce n'est pas parce que l'Autorité de régulation bancaire vient à Paris que nous allons gagner la bataille de la place financière.
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