Taxes américaines sur l'acier : le président d'ArcelorMittal France craint "un désordre extraordinaire sur les marchés mondiaux"
Philippe Darmayan, le président d’ArcelorMittal France, était l'invité de "L'interview éco" mardi. Il est revenu sur les menaces de Donald Trump de taxer l'acier européen.
Invité sur franceinfo mardi 17 avril, Philippe Darmayan, le président d’ArcelorMittal France, est revenu sur les menaces de Donald Trump de taxer l'acier européen. "C'est une mauvaise solution pour un vrai problème, une surcapacité chinoise extraordinaire de 200 à 300 millions de tonnes", dit-il. Si les menaces américaines sont mises à exécution, le président d’ArcelorMittal France craint "un désordre extraordinaire sur tous les marchés mondiaux".
Philippe Darmayan a également évoqué la grève à la SNCF, qui reprend mercredi, contre la réforme du rail. Le mouvement entraîne des difficultés pour le groupe ArcelorMittal, premier client de la SNCF pour le fret. "On a sollicité les autres moyens de transports, c'est une chance fantastique pour le fluvial", a-t-il indiqué.
franceinfo : Donald Trump veut taxer à hauteur de 25 % les importations d'acier européen aux États-Unis. Ce sera à partir du 1er mai 2018 si le président américain met ses menaces à exécution. Êtes-vous préparé ?
Philippe Darmayan : Dans cette affaire, c'est une mauvaise solution pour un vrai problème. Le vrai problème, c'est qu'il y a une surcapacité chinoise extraordinaire de 200 à 300 millions de tonnes par rapport à une production de 800 millions de tonnes. La surcapacité chinoise, c'est deux fois la consommation totale de l'Europe, plus les États-Unis. Ce n'est pas en s'enfermant, ce n'est pas en enfermant les États-Unis dans un cocon qu'on va régler le problème parce que, ce qui va se passer, c'est un désordre extraordinaire sur tous les marchés mondiaux. Les bateaux, au lieu d'aller aux États-Unis vont venir en Europe, qui est un marché ouvert, et ça, nous ne pouvons pas l'accepter. Il faut qu'on arrive à pousser le président Trump à mettre le vrai sujet au centre de la table, c'est-à-dire qu'on traite la question de la surcapacité chinoise.
Pouvez-vous chiffrer les conséquences de cette mesure pour ArcelorMittal si les taxes américaines entraient en vigueur ?
La mesure ne sera pas tant sur les volumes que sur le prix général du marché libre. Nous sommes sur un marché mondial, le prix est fait par l'offre et la demande. Si vous avez entre 100-110 millions de tonnes d'acier d'un marché américain qui se ferme, cela veut dire qu'on pourrait avoir deux prix : un prix aux États-Unis et un prix dans le reste du monde. Les États-Unis vont être pénalisés car le coût de leur automobile sera plus cher. Ailleurs, au contraire, les produits finis seront de meilleur marché. C'est une situation qui peut être dommageable pour l'industrie française. Il faut traiter cette question de la surcapacité et monter ce sujet au G20 pour que les Chinois prennent des engagements de baisser cette surcapacité. Il n'y aurait pas la personnalité de Donald Trump, on se dirait que forcément cela devrait bien se finir.
ArcelorMittal est le premier client de la SNCF qui connaît une grève à répétition avec très peu de trains comment faites-vous ?
On fait sans trop de problèmes. On a sollicité les autres moyens de transport, c'est une chance fantastique pour le fluvial, la route est là. Je ne vais pas dire pas qu'on a aucun problème, ce n'est pas le cas, mais nous faisons face. Par ailleurs, nous avons maintenu notre confiance à la SNCF, malgré la libéralisation du fret, parce que la SNCF a trouvé les solutions de flexibilité dont nous avions besoin et des solutions techniques commerciales qui allaient. Donc, la libéralisation n'entraîne pas forcément à ce que tout le monde fuie la SNCF. Nous croyons au fret. Nous avons en face de nous des équipes qui veulent se réformer qui veulent donner de la flexibilité et nous pensons que le gouvernement a un cas juste, qu'il ira au bout et qu'il gagnera ce conflit.
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