Cet article date de plus d'onze ans.

François Hollande cerné par les populismes

Les déflagrations provoquées par l'affaire Cahuzac ont réveillé les appétits des extrêmes de droite et de gauche. Tout ce week-end, François Hollande a travaillé sa loi sur la moralisation de la vie politique, le chef de l'Etat a dû se rendre à l'évidence, les trois mesures qu'il a proposées juste après les aveux de Jérôme Cahuzac ne suffisent pas.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

Tous les sondages le disent, la crise de confiance s'amplifie
entre les Français et les hommes politiques. Ce matin, une enquête Opinionway
pour le Figaro révèle que 77% des Français estiment que leurs élus sont "plutôt
corrompus
", ils sont plus de 30% à vouloir une dissolution de
l'assemblée nationale

La dissolution de l'Assemblée et la démission du
gouvernement

C'est justement ce que réclame le Front national depuis le
début de cette affaire. La dissolution de l'Assemblée et la démission du
gouvernement.

Aujourd'hui, le président est pris en tenaille par les extrêmes :
d'un côté le FN qui réclame la fin du régime Hollande et de l'autre, Jean-Luc
Mélenchon qui appelle les citoyens à donner un grand coup de balai en
manifestant, le 5 mai prochain.

Jean-Luc Mélenchon a lancé son appel sur France Info
vendredi 5 mars :
"Je veux faire la proposition que l'on manifeste
pour que le peuple s'empare, par une constituante, du grand coup de balai qu'il
faut donner pour purifier cette atmosphère politique absolument insupportable.
"

Le PC va se joindre à lui mais dans les couloirs de l'Assemblée,
certains députés du Front de gauche ne sont pas très enthousiastes à l'idée de
renverser la table.

Un travail de fond

André Chassaigne veut bien manifester mais il préfère quand
même le travail de fond à l'Assemblée. Le patron des députés communistes défend
depuis des jours et des nuits ses amendements sur le projet de sécurisation de
l'emploi, et pour lui, c'est ce travail qui compte : "Nous, ici,
nous sommes la tête dans le guidon, la main dans le cambouis sur des textes de
loi. Je crois que pour redonner à la politique ses lettres de noblesse, c'est
aussi en donnant une autre image de la politique que l'on arrivera à convaincre
les Français que tous les politiques ne sont pas des pourris.
"

Le coup de balai de Jean-Luc Mélenchon est évidemment très
mal pris par les "frères" socialistes. Claude Bartolone dénonce les
accents populistes du leader du parti de gauche, le président de l'assemblée
nationale pense que ça ne profite qu'à l'extrême droite : "Jean-Luc
Mélenchon, on a vu son évolution depuis quelques années, fait l'analyse qu'il n'y
a pas de place pour la sociale démocratie dans le cadre de la lutte contre le
capitalisme financier. Moi, je suis en désaccord avec cette ligne politique. Je
pense qu'elle n'aboutirait à rien d'autre qu'à l'installation de la droite et
de la droite dure.
"

A droite, l'appel à manifester est devenu une
habitude

Les antis mariage pour tous multiplient les rendez-vous dans la rue,
ils tentent de faire pression sur les sénateurs pour qu'ils ne votent pas la
loi. Les manifestations ont parfois des accents très droitiers avec la
participation d'associations d'extrêmes droite. Mais Hervé Mariton se défend de
vouloir renverser le pendant et son gouvernement. Le député UMP fer de lance des
antis mariage gay réfute le parallèle avec l'appel à manifester de Jean-Luc
Mélenchon. "Je ne suis pas dans une logique révolutionnaire. Nous devons
contester dans les enceintes parlementaires, dans la rue, mais il ne s'agit pas
de renverser le président de la République.
"

Les anti-mariage pour tous ont prévu une nouvelle
manifestation nationale en mai. Marine Le Pen fera comme chaque année son
défilé le 1er mai et le 5 ce sera au tour de Jean-Luc Mélenchon pour
son coup de balai. François Hollande doit faire vite pour imposer par la loi et
peut être par un remaniement l'idée que la morale a fait son retour en politique.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.