François Hollande face au choc FN
François Hollande aura donc vécu son deuxième 21 avril, mais cette fois en tant que président, lui qui était Premier secrétaire du parti socialiste le jour de la défaite de Lionel Jospin.
Douze ans plus tard, les mots - ceux de Manuel Valls hier soir - sont identiques : « choc, séisme », et les responsables politiques de tous bords, et cela vaut pour l’UMP, se retrouvent totalement désarmés face à la sanction infligée par le Front national.
"Des leçons doivent être tirées de cet évènement majeur", a fait savoir le chef de l’Etat. "Le moment est très grave pour la France et l’Europe, mais nous devons faire preuve de courage car la France doit se réformer", a déclaré pour sa part le Premier ministre, en égrenant les mesures prises pour relancer le pays, au cours de cette intervention décalée, que vous avez tous vue ou entendue hier soir, une apparition qui relevait plus d’un clip de campagne officielle qui n’a fait que souligner le KO debout encaissé par l’exécutif.
Parce que la claque est terrible
6 électeurs sur 10 ne sont pas allés voter. C’était déjà le cas en 2009, mais cette fois, 1 sur 4 a choisi le Front National dont le message était la sortie pure et simple de l’Union Européenne. L’abstention massive a sanctionné les partis classiques. Le FN, comme l’a rappelé Laurent Fabius hier soir, capte à lui seul un député sur trois sur le contingent des 74 attribués à la France. La France déboussolée a dit non à l’Europe repoussoir et à la politique de François Hollande.
Le chef de l’Etat a peu de solutions devant lui
Le remaniement, c’est déjà fait. Le président avait changé de Premier ministre au lendemain des municipales perdues par la gauche pour envoyer un signal fort. Huit semaines plus tard, la nouvelle défaite n’en est que plus humiliante. Les responsables socialistes tablaient sur une victoire courte du FN mais avec un PS à près de 20 points. C’est le scénario du pire qui s’est produit, et a déjà réveillé les 41 mutins du PS qui réclament une autre politique.
Il n’est plus possible d’enjamber le scrutin, comme l’envisageait le président.
Et il reste peu d’options sur la table : une démission est hors de propos, François Hollande ne l’envisage pas un instant. Une dissolution serait suicidaire. Et renoncer aux 3% serait la négation de toute la politique mise en place depuis deux ans.
Que peut-t-il faire alors ?
Le chef de l’Etat va devoir faire preuve d’imagination, lui qui réunit ses principaux ministres dans un peu moins de deux heures afin de caler le message qu’il délivrera demain devant le Conseil Européen pour réclamer un changement de logiciel européen.
Mais cette réponse ne suffira pas.
Les Français ont durablement tourné le dos à la politique, ils n’y croient plus. La présidentielle de 2017 se dessine déjà, elle se jouera à trois, et au train où vont les choses, la question est de savoir qui affrontera Marine le Pen au deuxième tour. François Hollande doit renverser la table, sinon le rejet sera total et définitif.
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