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Hollande ou le retour de l'omniprésident

Il ne s'agit pas d'évoquer la photo de Nicolas Sarkozy publiée sur le réseau Instagram, mais l'omniprésence de son successeur, François Hollande, qui n'est pas sans rappeler le quinquennat précédent. 
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Vous n'avez rien remarqué
depuis ses vœux télévisés, très offensifs, du 31 décembre ?

Le chef de
l'Etat occupe tout l'espace, en première ligne, il fait le job tout seul !
Changement de cap, vive la social-démocratie, la politique de l'offre, les
entreprises... et changement de méthode : les Anglo-saxons appellent cela le
DIY, le do it yourself , fais-le toi-même. François Hollande a repris le
manche : à lui le Conseil stratégique pour tailler à la hache dans la
dépense publique, et à Jean-Marc Ayrault  le compromis social pour dialoguer avec le
patronat et les syndicats. Comme quoi c'est plus facile de trouver 50 milliards
que de faire plier le Medef. Le Premier ministre est
renvoyé à la case Fillon, Matignon devant rester dans le sillage, pour ne pas
dire dans l'ombre, de l'Elysée.

Qu'est ce qui change dans la façon de gouverner ?

L'omniprésident est de retour :
François Hollande va fonctionner comme l'a fait son prédécesseur, en prenant le
contrôle. "S'il l'a fait au bout de vingt mois, ce n'est pas un hasard ",
explique un visiteur de l'Elysée. "Il a compris qu'avec le quinquennat,
il devait être le début et la fin de tout
". C'est à croire qu'il n'a plus
besoin de Matignon, plus besoin de Pierre Moscovici  à Bercy, d'Emmanuel Macron, le brillant secrétaire
général adjoint chargé des questions économiques à l'Elysée... C'est lui,
François Hollande, le pilote dans l'avion. Commentaire d'une figure de
l'UMP : "C'était comme du temps de Nicolas, il veut montrer qu'il en a".

La comparaison est vraiment possible avec son
prédécesseur ?

Il y a une similitude entre
François Hollande et Nicolas Sarkozy, constate une personnalité qui les connaît
bien tous les deux : ils ont une totale confiance en eux-mêmes, mais ne font en
même temps confiance qu'en eux-mêmes. François Hollande est convaincu que sa
stratégie, fondée sur un réalisme économique et social en rupture avec la
gauche traditionnelle, va l'emporter au final. C'est une affaire de conviction,
et pas seulement un calcul électoral avant deux scrutins majeurs. Tout comme
Nicolas Sarkozy était convaincu de la nécessité de faire l'ouverture au début
de son quinquennat, là où tout le monde n'y a vu qu'une manœuvre cynique pour
tuer l'opposition. La majorité UMP de l'époque a fait la guerre au président
contre son ouverture et a gagné. L'actuelle majorité PS, qui a été priée de la
mettre en sourdine le temps des élections, a bien l'intention de faire reculer
le président sur son virage d'inspiration un peu trop sociale-démocrate. Les
deux présidents, l'actuel et le précédent, sont deux animaux pas si éloignés,
ils marchent seuls, à l'instinct. Un fonctionnement normal sous la Vème
République.

Et cela suffira pour relever le pays ?

Bien évidemment, non :
une conférence de presse ne suffit pas à faire bouger les lignes. Il faut être
bien entouré, pour être en mesure de faire plier l'administration, le système.
" François a toujours le remaniement en tête,  il y pense en permanence ", confie l'un
de ses proches. Quant à son affaire privée, elle va modifier son image et sa
relation avec les Français, qui le jugeront dans sa manière de clore le
chapitre. François Hollande est à un moment charnière de son mandat, où il lui
faut : sauver 2014, son quinquennat et la France tout court. Le chantier de
l'omniprésident est immense. 

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