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Kiev : que peuvent dire Hollande et Merkel ?

Les affrontements meurtriers à Kiev soulignent une fois de plus les limites de la diplomatie européenne.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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Le
sort de l'Ukraine va s'inviter assez brutalement ce matin au 16e Conseil des ministres franco-allemand, qui doit consacrer le rapprochement non
pas entre les deux capitales, un siècle après la Grande Guerre. Paris et Berlin
se livrent à une concurrence économique féroce qui n'empêche pas l'amitié, elle ne va pas trop mal , merci . Mais les regards vont se porter
vers le couple François Hollande et Angela Merkel, dont les relations se
réchauffent au fil des mois. Le président français n'en veut plus à la
Chancelière d'avoir voté Sarkozy en 2012, même si une rencontre avec l'ancien
président est prévue début mars. Et la Chancelière qui a fait l'ouverture au
SPD commence à sentir de l'attachement pour ce voisin socialiste soudainement
converti à la passion de l'entreprise, lui qui vient de faire un coming out social-démocrate très en
phase avec ce qui se passe de l'autre côté du Rhin. Mais cet axe franco-allemand,
moteur de l'Europe, va devoir trouver les mots pour le dire vis-à-vis d'une
Ukraine dont une partie du peuple en révolte veut définitivement tourner la
page soviétique, et réclame plus d'Europe.

L'Allemagne est
en première ligne à Kiev.

La
chancelière ayant reçu lundi les deux principaux leaders de l'opposition
ukrainienne, Moscou accuse, en quelque sorte, les Vingt-huit d'ingérence en
s'ouvrant au dialogue avec ceux qui défient le pouvoir légal à Kiev, capitale
de cette Ukraine toujours considérée comme un satellite de la Russie éternelle.
La diplomatie européenne, incarnée par Catherine Ashton, a tout simplement
échoué dans sa tentative de médiation, combinée à celle des Etats-Unis. Et le
fait que Bruxelles et Berlin s'expriment en stéréo dans ce dossier démontre une
fois de plus cette tendance à la schizophrénie qui s'empare de l'Union à chaque
fois qu'il lui faut élever le ton hors de ses frontières.

Quelle sera
la position commune du couple franco-allemand ?

Que
peuvent dire François Hollande et Angela Merkel, si ce n'est de mettre en garde
le pouvoir de Viktor Ianoukovitch contre la poursuite des violences et brandir
la menace d'éventuelles sanctions comme l'a fait le ministre des affaires
étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier ? L'Europe géant économique
n'est qu'un tigre de papier diplomatique, parce qu'elle ne parle pas d'une
seule voix et ne dispose pas d'une force militaire unie digne de ce nom. Et que
dire à cette Ukraine candidate de cœur à une Union européenne qui n'a plus
vocation à s'étendre à l'infini avant de se redresser elle-même ? Et
pendant ce temps, Vladimir Poutine, le tsar de la Russie éternelle, et ce n'est
pas le moindre des paradoxes, nous fait table ouverte à Sotchi, et célèbre
l'Olympisme et l'amitié entre les peuples en terre caucasienne. Son ami
Ianoukovitch, en donnant l'assaut à cinq jours de la fin des jeux, lui aura
quand même gâché la fête.

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