Cet article date de plus d'onze ans.

La barre au centre, toute !

Peut-il y avoir une recomposition au centre, après le virage très social-démocrate de François Hollande ? Les centristes seraient presque en passe de redevenir tendance...
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

François Bayrou ne boudait
pas son plaisir ce week-end.

Non seulement Jean-François Copé s'est plié au
principe de réalité. L'UMP a finalement décidé de retirer son candidat Eric
Saubatte jugé trop faible pour les municipales à Pau, et de soutenir le
président du Modem, pourtant honni pour avoir osé appeler à voter Hollande
contre Sarkozy en 2012. Mais en plus, les évènements semblent aujourd'hui donner
raison au leader centriste. Le pacte de responsabilité lancé par le chef de
l'Etat serait digne de figurer dans les programmes Modem et UDI : baisse
des charges des entreprises, coup d'arrêt à la hausse des impôts, fin du
millefeuille administratif. Ce qui a fait dire à Jean-Louis Borloo, l'alter ego
de François Bayrou au sein de l'Alternative centriste, hier soir au 20h de France2 : "Si on la fait, on l'a fait
en vrai, cette affaire".

Les deux François sont sur la même longueur d'onde ?

Pour François Bayrou, les
annonces de François Hollande démontrent que ce pays ne peut plus être gouverné
un coup à droite, un coup à gauche, et qu'il faut créer les conditions d'une
coalition comme elle se pratique en Allemagne. "Vouloir réformer en
profondeur l'action publique, des collectivités locales à la sécurité sociale,
pour obtenir mieux en dépensant moins, cela va dans le bon sens
", explique
François Bayrou. Pas de chance, le patron du Modem serait bien monté dans le
train social démocrate il y a deux ans. Pour lui, du coup, "tard, c'est
trop tard. Il ne fallait pas attendre vingt mois pour agir, ce sera difficile, personne
ne sait comment économiser, François Hollande n'a pas la majorité de sa
politique",
prévient François Bayrou, qui affirme avoir déjà parlé de tout
cela en 2012 avec le chef de l'Etat.

Les centristes restent
pour l'instant dans l'opposition.

L'UDI, forte d'une
soixantaine de députés et de sénateurs, ne votera pas la confiance au gouvernement
et restera liée à l'UMP, elle-même menacée par la montée en puissance du Front
National. Les responsables centristes, comme Jean-Louis Borloo ou Rama Yade,
ont d'ailleurs été reçus par Nicolas Sarkozy qui sait très bien qu'une élection
se gagne aussi au centre.

Certains redoutent une révolution
aux législatives.

La rumeur court dans les
couloirs du Parlement. Roger Karoutchi en est persuadé : François Hollande
pourrait faire voter, d'ici à l'an prochain, la proportionnelle intégrale pour
les élections législatives de 2017, et "faire le choix de la dispersion
pour s'éviter une claque électorale
", affirme le sénateur UMP. La réforme
en chantier ne concerne que 10%  des
sièges, une soixantaine de députés seulement. François Bayrou, au contraire,
souhaite ce mode de scrutin pour en finir avec la
bipolarisation de la vie politique française. Nous en sommes loin. Rien ne va bouger pour l'instant.
François Hollande dispose de la majorité absolue à l'Assemblée et n'a pas
besoin des centristes pour gouverner. A moins qu'une partie de ses troupes au
PS ne conteste ses réformes. C'est là que tout deviendrait possible.

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