Cet article date de plus d'onze ans.

La municipalisation des enjeux nationaux

Une personnalité est au cœur de tous les enjeux de cette rentrée politique. Et ce n'est pas forcément le président de la République. C'est le maire de France.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Il est au carrefour de toutes les
polémiques, au premier rang desquelles vous retrouvez la fiscalité - les choix
budgétaires impactent directement les municipalités-, mais aussi la scolarité
ou les roms. Le maire est au centre de toutes les
stratégies des formations politiques à six mois des municipales.

Prenez l'offensive menée hier à
l'Assemblée nationale par Jean-François Copé contre les nouveaux rythmes
scolaires : le patron de l'UMP, qui veut ressouder son parti sur des thèmes de
fond qui parlent aux Français, juge trop coûteux pour les communes le passage à
la semaine de quatre jours et demi. Mais certains maires UMP ne veulent pas
engager le fer sur cette réforme qu'ils ont expérimentée et qu'ils approuvent.
Le comble est que la droite est à l'origine de la généralisation en 2008 de la
semaine de quatre jours à l'école. Le débat est lancé pour la campagne qui
s'ouvre.

Autre enjeu, les roms, avec en toile de fond, la sécurité.

Pendant que Manuel Valls et
Cécile Duflot bataillent autour des grands principes républicains, c'est le
maire qui est aux premières loges pour appliquer la circulaire d'août 2012
brandie par Jean-Marc Ayrault, et affronter les problèmes d'hygiène et de
sécurité liés à l'arrivée massive de roms. Le document ne règle pas la
solidarité territoriale, constate un membre du gouvernement : chacun pend
sa part, mais pas plus. Les ministres débattent à Paris, pendant que les maires
se débattent sur le terrain.

 Le maire qui est systématiquement au bout de la chaîne...

  C'est le cas pour le mariage gay,
la réforme a été votée, le sujet ne passionne plus les Français. Et pourtant une
proposition de loi UMP sur la
liberté de conscience veut permettre aux maires de ne pas célébrer de
mariage homo et de se faire remplacer, sans être hors-la-loi. Un collectif baptisé
les Maires pour l'enfance, qui revendique vingt mille élus, s'appuie sur un
sondage IFOP selon lequel 54% des Français seraient favorables à une telle
mesure.

Là encore, le débat politique
tourne autour du rôle du maire, un mandat redevenu attractif depuis
l'instauration du non-cumul, qui sera effectif dans quatre ans, mais pour
lequel les candidats doivent s'engager tout de suite avant les municipales.

François Hollande veut soigner les maires...

  C'est vrai que le président est
attendu ce matin sur son éventuel arbitrage entre les ministres sur la question
des roms. Mais il n'oublie pas qu'il doit en partie son élection aux élus
locaux, aux grands barons socialistes à la tête des grandes villes. Sa
prochaine apparition fin novembre au congrès de l'Association des Maires de
France sera déterminante. Le chef de l'Etat sait pertinemment que sur la route
de 2017, les municipales ne peuvent être sacrifiées.

Alors, votre concept ce
matin ?

Nous avions coutume de dire ces
vingt dernières années que les partis politiques étaient tentés par une
nationalisation des enjeux électoraux pour les municipales. La crise est passée
par là, les Français veulent aujourd'hui plus de proximité. Au vu de la
tournure des débats qui occupent la place publique, nous assistons pour la
première fois au phénomène inverse, à une municipalisation des enjeux
nationaux.  Les prochaines élections
municipales seront beaucoup plus qu'un simple scrutin intermédiaire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.