La vraie-fausse neutralité du gouvernement dans la négociation sociale
Quand vous parlez à Michel
Sapin, le ministre du Travail, de ces négociations, Il commence par vous dire, avec
un grand sourire, que les partenaires sociaux sont indépendants, qu'ils
discutent entre eux et qu'il n'interfère surtout pas...
Et passé cette précaution...
le ministre vous détaille qui à dit quoi et quand dans la salle de négociations.
Et ce qu'il attend des uns et des autres alors que le terme de cette négociation approche.
Le patronat se rebiffe...
La patronne des grands
patrons, Laurence Parisot en début de semaine a reproché au gouvernement de
faire de l'ingérence. Le Président de la CGPME, Jean-François Roubaud a même
été très précis hier sur Canal+.
Une pression intolérable...
En clair, ce que dit le
gouvernement, c'est que si patronat et syndicats ne se mettent pas d'accord, il
légiférera, c'est à dire qu'il imposera ses choix.
Une tactique qu'assume
parfaitement le président du groupe des députés socialistes à l'Assemblée
nationale, Bruno Leroux.
Et Michel Sapin, le ministre
du Travail a été obligé hier de calmer un peu le jeu devant le tollé des
patrons qui crient à l'ingérence. Il a répété hier qu'il respectait tous les
partenaires sociaux et il a demandé aux députés socialistes d'être sur la même
ligne...
"Ne pas dire du mal
du patronat"
Au gouvernement, on est un
peu embarrassé pour parler de pression. Il y aura bien une loi si les
partenaires sociaux ne trouvent pas d'accord. Mais Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole
du gouvernement dément tout interventionnisme dans ces négociations...
Le gouvernement serait
spectateur...
Sauf que François Hollande
en a encore largement parlé de ces négociations... hier en Conseil des ministres...
Comme tout le monde, il ne parle plus d'un accord historique mais d'une réforme
importante pour lutter contre le chômage...
"Nous n'avons pas
abandonné le champ de la réforme, nous avons donné la priorité aux partenaires
sociaux" a expliqué à ses ministres le président de la République. Il leur
a précisé que s'il y avait un accord d'ici vendredi soir, une loi transposerait
l'accord, sans rien modifier, ni dans un sens ni dans l'autre et cele plus
rapidement possible, probablement dès le mois prochain...
A travers cette négociation, c'est aussi tout l'équilibre entre le pouvoir et les différents partenaires
sociaux qui est en train de se jouer...
Dans les faits, le
gouvernement s'appuie énormément sur un syndicat, la CFDT, pour faire passer
ses idées de réforme du marché du travail. La CFDT s'en défend et ne veut pas
passer pour le syndicat allié ou ami des socialistes...
Mais la CFDT a besoin d'un
accord pour sa crédibilité réformatrice, en un mot, pour peser aux prochaines
élections professionnelles et dans les futures négociations...
Le patronat, lui, joue aussi
assez gros car il risque de tomber de se caricaturer et d'être affaiblie pour
le reste du quinquennat selon l'un de ses représentants...
Il faut se souvenir du
précédent quinquennat...
Nicolas Sarkozy avait séduit
la CGT avec une réforme de la représentativité syndicale avant de se fâcher
avec eux. Ses rapports avec le patronat et notamment le Medef, n'avait pas non plus été un long fleuve
tranquille...
Personne ne criait à
l'époque à l'ingérence mais c'était peu ou prou, la même chose...
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