Cet article date de plus d'onze ans.

Les collectivités locales à la diète forcée

L'Etat va leur donner trois milliards de moins dans les deux années à venir. Les régions, les départements, les villes et les petites communes vont tous devoir faire des économies...
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Forcément les choses ne sont pas dites comme ça. Mardi 12
mars, s'est tenue une réunion à Matignon entre le Premier ministre, Jean-Marc
Ayrault et les représentants des régions, des départements, des agglomérations,
jusqu'aux communes rurales. Le nom de la réunion est un poème à lui tout seul :"Le Pacte de confiance avec les collectivités territoriales" .

Parler de confiance quand il s'agit de donner moins
d'argent, c'est assez bien trouvé, surtout que juste avant cette réunion, François
Hollande avait rappelé à Dijon, devant de nombreux élus, le montant de la
saignée. L'Etat donnera trois milliards de moins dans les deux années à venir.

"*En ces temps de rigueur budgétaire, chacun doit faire
son effort, chacun doit prendre sa part. C'est pourquoi l'Etat a indiqué aux
collectivités locales que les dotations baisseraient d'1,5 milliard en 2014 et

  1. C'est vrai que c'est un sacrifice mais nous devons tous faire des
    économies* ."
Des élus mécontents

Les élus présents dans la salle étaient plus que mécontents.
Bruno Bethenod, le maire d'Arceau, un village de 700 habitants en Côte d'Or : "Vous venez d'annoncer 1,5 milliard de baisse de dotation quasiment sans
concertation donc ça nous pose certains problèmes.
"**

On écoute des choses, on
croit parce qu'on a le respect de la République, de votre fonction et on s'aperçoit
que quelques mois après les choses différent. Je suis un peu déçu.

Cela ne plait pas du tout à Alain Rousset, le président de
la région Aquitaine et Président de l'association des régions de France. Ce
socialiste estime que les régions ne peuvent pas faire d'économies et demande une
dispense. "Les économies qu'elles vont faire cela va être sur les
opérations communes avec l'Etat. A partir du moment où l'Etat n'investit pas,
les régions n'investissent pas. Si l'Etat baisse son budget les régions
baisseront les leurs.
" Voilà ce qu'il disait il y a une quinzaine de
jours sur les risques de tirer vers le bas les budgets des régions.

Et Alain Rousset demande même de l'argent en plus parce que
les régions vont récupérées de nouvelles compétences. Les économies c'est donc
toujours mieux quand c'est pour les autres.

Gérer la fronde des élus locaux

Pour faire passer la pilule d'austérité le gouvernement a
proposé aux collectivités locales de leur prêter de l'argent, pour leurs très
gros projets. De l'argent pendant des décennies à des taux défiants toute
concurrence. Une annonce bien reçue par l'UMP Jacques Pélissard, Président de
l'association des maires de France : "Nos dotations baissent et nos
charges augmentent. C'est cette situation que nous avons dénoncé en disant que
nous aurions moins de capacité pour investir. Or, c'est l'investissement des
collectivités locales qui permet la création de richesse, d'emplois, sur nos
territoire
."

Pour corser un peu les choses, pour le gouvernement qui
cherche des milliards d'économies partout où il peut en trouver, ces réductions
de budgets sont annoncées à un an des élections municipales. C'est d'autant
plus délicat pour un pouvoir socialiste que la majorité des grandes
collectivités est aujourd'hui gérées par la gauche. Il ne faut jamais
l'oublier, le Parti socialiste est aussi une grosse PME d'élus qu'il ne faut
pas trop contrarier.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.