Les mutins du PS à l'assaut du budget
Ce sont de vraies bombinettes qui sont arrivées hier soir dans les boites aux lettres de l’Elysée et de Matignon. Le document de quatre pages, intitulé "Plateforme de l’Appel des 100 pour plus d’emplois et de justice sociale" a été remis à 20h au chef de l’Etat, au Premier ministre, au patron du PS et à celui du groupe à l’Assemblée. Il sera distribué ce matin à tous les députés de la majorité. Il s’agit d’une série de contre-propositions pour une autre politique plus tournée vers la demande que l’offre. Les 100 en question, surnommés les "mutins" du PS, veulent peser dans le débat budgétaire qui arrive à l’Assemblée, avec la volonté d’amender une politique trop tournée, à leurs yeux, vers les entreprises et l’austérité.
Des propositions qui tiennent la route
C’est très audible : pour l’un des frondeurs, Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine, proche de Martine Aubry, il ne sert à rien d’aider les entreprises à hauteur de 50 milliards alors que leurs carnets de commandes sont vides. La croissance est à zéro, les boîtes n’embauchent pas. Pôle emplois prévoit 150 000 demandeurs d’emplois en plus d’ici fin 2015. Les plans et les chocs initiés par François Hollande ne donnent aucun résultat. L’Appel des 100 propose d’aider les entreprises, mais un peu moins, tout en donnant un peu plus aux ménages les plus fragiles et aux classes moyennes, avec une CSG progressive, pour relancer la consommation. Le tout à euros constants, afin de respecter la trajectoire de Bruxelles.
Le rééquilibrage en chiffres
A la louche, au lieu des 41 milliards d’aides aux entreprises d’un côté, et 5 destinés aux ménages de l’autre, vous ne donneriez plus que 22 milliards aux patrons et 18 aux familles et aux retraités. Pour desserrer l’étau des ménages, les inciter à dépenser plus pour faire repartir la machine. Les mutins lorgnent vers l’Italie : Matteo Renzi tente de secouer le système, ce qui au passage lui a fait gagner les européennes. Pourquoi ne pas tenter autre chose chez nous ?
Les mutins et l’exécutif
Oui. Leur plan, qui n’a rien de soviétique, a été poliment écouté au plus haut niveau. Il leur a été rétorqué que tout ça était bien gentil, intéressant, mais trop tard : le président ne peut pas se déjuger. Problème pour François Hollande, les militants PS n’ont pas digéré son message au lendemain de la curée aux européennes : je vous ai compris, mais je ne changerai rien. Les mutins, qui espèrent être reçus chez Manuel Valls, vont se bagarrer sur chacun de leurs amendements au budget rectificatif, au mois de juillet. Les 100 sont prêts à en découdre. S’ils ne sont pas entendus, ce sera alors l’épreuve de force avec François Hollande au cœur de l’été.
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