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Marine le Pen fait perdre la boussole à l'UMP

François Hollande a fait la leçon à l'UMP hier soir au sujet du Front national. Les responsables politiques de droite comme de gauche se trompent de réponse vis-à-vis de Marine le Pen.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

La montée en puissance du FN leur fait perdre la boussole,
surtout à l'UMP. François Hollande ne s'y est pas trompé en mettant le fer dans
la crise que traverse la droite. C'était d'ailleurs, avec la Syrie, l'un des
rares moments où le chef de l'Etat a laissé de côté son style très professoral,
lors de cette interview assez morne, essentiellement destinée à déminer les
sujets qui fâchent. Le chef de l'Etat s'est montré plutôt habile, en faisant
mine dans un premier temps de ne pas vouloir se mêler de politique des partis,
avant de tacler François Fillon et son clin d'œil en direction du FN, en
évoquant des digues, des règles à respecter, et en rappelant que lui, premier
secrétaire du PS, n'avait pas hésité à voter Chirac en 2002. Le président a mis
le nez de l'UMP dans ses contradictions.

La droite ne sait
plus comment faire pour freiner Marine le Pen ?

"Il faut que l'UMP arrête de parler du FN, parce que
ça lui fait de la pub
", explique Guillaume Peltier, ex-frontiste,
aujourd'hui promoteur de la Droite Forte. Pour lui, le parti se trompe de
stratégie et devrait plutôt s'adresser aux électeurs de Marine le Pen, en leur
apportant des réponses concrètes sur leurs principaux sujets de
préoccupation : la peur de la mondialisation, le chômage, la fraude, la
récidive. L'ennui est que Nicolas Sarkozy l'a déjà fait en 2007, et a déçu durant
son quinquennat. Ce qui explique en partie le succès croissant de Marine le Pen,
qui n'avait juste qu'à dérouler tranquillement ce week-end à Marseille.

La réponse à gauche
aussi est également inappropriée ?

Le "front républicain", prôné par le président Hollande, ne
fait plus recette. La condamnation morale du FN est devenue inaudible : il
y a eu alternance politique, et les résultats ne sont toujours pas au
rendez-vous, les Français en ont ras-le-bol de voir les gouvernements
successifs brandir l'argument de la crise et se renvoyer la responsabilité de
l'échec. La formule de Marine le Pen stigmatisant l'UMPS fait un carton. Le
Parti socialiste veut la combattre sur le thème de la xénophobie, estimant que
rien n'a changé au FN, qui aurait remplacé le racisme par l'islamophobie. Mais
les Français ont le nez sur leur fiche de paye, leur feuille d'impôts ou sont à
la recherche d'un emploi. Ce type de dénonciation risque de rester lettre
morte

Il est impossible de
combattre Marine le Pen sur les idées ?

Laurent Fabius a bien résumé la situation avec cette formule
il y a trente ans : "Le Front national pose de bonnes
questions mais apporte de mauvaises réponses
".  Les propositions  irréalistes de Marine le Pen - fermer les
frontières de l'hexagone ou sortir de l'euro - ne dérangent plus des électeurs
décomplexés, voire exaspérés, qui assimilent toujours le
vote FN à un vote sanction. La présidente du Front national, avec son
franc-parler, a réussi le tour de force de s'imposer en centre de gravité de la
vie politique française et s'est durablement installée dans le paysage
politique, et dans les médias. Un responsable socialiste pariait ce week-end
sur l'inéluctable montée en force d'un néo-poujadisme dans les mois et les
années qui viennent. Marine le Pen va continuer de prospérer tant que la
situation du pays ne sera pas redressée.

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