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Marre de parler de la com' gouvernementale

François Hollande a recadré son gouvernement en conseil des ministres hier, après la polémique sur les Roms. Et vous nous dites ce matin : ça ne servira à rien, et il y en a marre de parler de la communication gouvernementale. Pourquoi ?
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Parce qu'il n'y en a pas. Tenir trois minutes trente sur un
sujet aussi répétitif devient une gageure. Une fois que vous avez raconté que le
chef de l'Etat a fait la leçon à ses ministres, "c'est la dernière
fois"
a-t-il dit, en les sommant sèchement de mener leurs débats à
l'intérieur du gouvernement et non sur la place publique, vous avez fait le
tour de la question. Mais : il y a déjà eu Montebourg et Florange l'an
passé, Batho virée en juin, ce sont les exemples les plus visibles, à quand le
prochain épisode ? Au fond, l'histoire se répète. Et nous ne connaissons toujours
pas la position exacte de l'exécutif sur les Roms, mis à part le rappel d'une
circulaire d'il y a un an.

Alors pourquoi est-ce
que vous en reparlez ?

Parce qu'à ce niveau-là, c'est un problème. Il s'agit du président
de la République. C'est son absence de réaction pendant six jours, après qu'il
a été interpellé par Cécile Duflot, qui a alimenté la polémique, la nature journalistique
ayant horreur du vide. Sur le principe, personne, ne peut dicter sa conduite au
chef de l'Etat, il fait bien ce qu'il veut. C'est d'ailleurs ce qu'il
recherche : François Hollande se refuse à jouer au surveillant général, et
aimerait bien prendre de la hauteur dans la conduite des affaires du pays. Façon
Vème République, à l'ancienne. Encore faut-il avoir quelqu'un qui
gère l'intendance quand certains dérapent.

C'est le rôle du Premier
ministre de protéger le président ?

Logiquement, oui : mais, après la sortie de Cécile
Duflot contre Manuel Valls devant les Verts, qu'a fait Jean-Marc Ayrault qui venait
d'arriver dans la place ? Rien, si ce n'est de féliciter sa ministre après
l'avoir embrassée avec le sourire. Le malentendu vient de là. Cette sensation
que l'exécutif ne tient pas ses troupes. Le président a d'ailleurs demandé à son
Premier ministre d'assurer "encore davantage " la coordination du
travail du gouvernement. Cela s'appelle, en termes diplomatiques, un rappel à
l'ordre. Au final, Matignon va demander à chaque ministre de transmettre par
mail les demandes d'interviews. Le problème est au sommet, mais le verrouillage
se fait à la base. Ça va bien fonctionner, ce système.

François Hollande
rechigne à communiquer ?

"La com, il s'en fout, ça ne l'intéresse pas. François
a toujours été comme ça. Devenu président, il n'a pas changé sa façon de faire
de la politique
", confie une ministre, qui ajoute : "Quand il
prend son téléphone, et il ne s'en prive pas, il sait être cassant. Mais il
fait souvent les choses sans les dire
". C'est donc à croire que le président,
qui consulte beaucoup autour de lui et rencontre comme son prédécesseur un
grand nombre de journalistes,  n'a pas
vraiment évalué que son silence était interprété comme de la faiblesse, ou de
l'indécision. Il est certes entouré de conseillers, mais "il décide
absolument tout seul
", explique un de ses proches. L'arrivée d'un Claude
Sérillon n'y aura rien changé. Nicolas Sarkozy pratiquait le "faire-savoir" et
ne sous-traitait pas la com gouvernementale. François Hollande, lui, fait le
pari que seuls les résultats pèseront au final. C'est oublier que l'information
continue, en bien ou en mal, est aujourd'hui une réalité qui s'impose à tous. Je
vous fais le pari que ce ne sera pas le dernier édito sur ce thème...

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