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Municipales de Paris : Cécile Duflot se tâte

Sur le papier -recyclé -, les choses paraissent à la fois claires, et simples. Comme en 2001, comme en 2008, les écologistes parisiens partiront seuls au premier tour des municipales, ils ont désigné ce week-end leur candidat. Le gagnant est Christophe Najdovski, adjoint de Delanoë à la petite enfance, candidat soutenu par les ministres Pascal Canfin et Cécile Duflot.
Article rédigé par franceinfo
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Sauf que Cécile Duflot, justement, prend soin de ne fermer
aucune porte. Jouera-t-elle l'an prochain les mouches du coche à Paris, où elle
s'est implantée l'an dernier à l'occasion des législatives, provoquant la
colère d'Anne Hidalgo ? "Je répondrai à cette question en temps et en
heure
", a réaffirmé la semaine dernière la ministre du logement sur France
Info.

"Pour moi la réponse ne peut pas être apportée aujourd'hui
et je sais bien aussi que Christophe Najdovski est quelqu'un qui est capable de
réfléchir à une vision collective et à des positionnements qui pourraient
évoluer.
"

"Des positionnements, des situations politiques qui
pourraient évoluer
". Tiens tiens, Cécile Duflot pourrait donc changer
d'avis ? En tout cas, à l'entendre, le candidat officiel d'Europe Ecologie les Verts
Christophe Najdovki ne manquera pas de lui laisser la place, si elle le lui
demande. De fait, le principal intéressé ne pense que du bien de la ministre
écolo.

"Dans l'absolue, Cécile Duflot serait une très bonne
candidate comme elle l'a déjà montré puisqu'elle a gagné une élection
législative et qu'elle est une très bonne ministre aujourd'hui.
"

Une très bonne ministre qui n'a aucun intérêt à laisser
tomber son portefeuille, assure de son côté le très influent sénateur
écologiste de l'Essonne Jean-Vincent Placé, ex-âme damnée de Cécile Duflot à la
tête du parti.

"Une campagne c'est très exigeant en terme de temps et
c'est quelque part une politique d'un autre temps que d'être candidat à
plusieurs trucs comme cela. Il me semble assez naturel que ce soit ceux qui
militent au quotidien sur le terrain ou au Conseil de Paris qui portent nos
couleurs à Paris.
"

Voilà une ode au militantisme de terrain et à la
transparence des investitures que l'on va s'empresser de mettre de côté, histoire
de pouvoir la ressortir en cas de changement de stratégie.

Une candidature crédible ?

Depuis un an, la question de la participation des
écologistes au gouvernement est sans cesse reposée. Mini-couac ou grosse crise,
à chaque fois, il se trouve quelqu'un chez les verts pour menacer les socialistes
de sortir de la majorité, et de priver le gouvernement de ses deux ministres
écolo. Spécialiste de ces petits coups de pression, le député Noël Mamère.

Pour lui, l'heure de vérité, ce sera en octobre, à
l'occasion du vote de la loi de finances. Si la fiscalité écologique n'y figure
pas, dit Noël Mamère, on pourra dire adieu à la transition énergétique promise
par François Hollande : "S'il n'y a rien sur la fiscalité écologique cela
voudra dire que les promesses du président de la République, ce n'était que du
vent. Cela voudra dire que l'on quitte la majorité et que l'on demande à nos
ministres de ne plus siéger dans un gouvernement qui fait l'exact contraire de
ce qu'il promet en terme d'avenir pour notre planète et pour les générations
qui viennent.
"

Noël Mamère, qui dénonce la "schizophrénie" du
pouvoir socialiste, qui ne jure que par la transition énergétique, mais laisse
fleurir rapport sur rapport préconisant l'exploitation des gaz de schiste,
refuse d'augmenter la taxe sur le diesel, très polluant, autorise l'utilisation
du mox dans deux réacteurs de la centrale nucléaire du Blayet, sans oublier la
pression du lobby nucléaire pour ne pas fermer Fessenheim.

Autant de "casus belli"

Cette expression, les écologistes ne l'aiment pas beaucoup. Il
faut dire que le rapport de force politique, et leurs très maigres scores aux
dernières présidentielle et législatives ne leur permettent pas de lancer des
oukazes. Du coup, certains se montrent beaucoup plus prudents que Noël Mamère
dans l'expression de leur mauvaise humeur, à l'image du député de Paris Denis
Baupin.

"Nous ne posons pas ces questions en terme de casus
belli parce que cela voudrait dire que l'on se pose tout de suite la question d'un
échec. Nous n'avons pas de raison de penser que les engagements ne seront pas
tenus, mais nous allons être vigilants et peser pour qu'ils le soient. C'est la
philosophie dans laquelle nous nous trouvons et pas dans un rapport de force
qui serait tout le temps la menace d'une sortie.
"

Façon de ne pas s'enfermer dans des demandes trop précises
qui, si elles n'étaient pas entendues par le partenaire socialiste,
obligeraient les écologistes à sortir de la majorité et du gouvernement. Un
pied dedans, un pied dehors, un positionnement pas toujours facile à tenir. C'est
pourtant celui choisi par Cécile Duflot, qui, en menaçant de se présenter à Paris,
met la pression sur François Hollande y compris à propos de ses propres
dossiers. La ministre présentera à la rentrée un second projet de loi logement,
pour lequel elle espère des arbitrages positifs.

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