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Nicolas Sarkozy riposte à J-2 des municipales

La riposte de Nicolas Sarkozy dans Le Figaro ce vendredi matin sonne la fin d'une campagne électorale inexistante.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Elle a même totalement
disparu des écrans radars. Nous avons beau en parler tous les jours sur France Info , cette campagne des municipales
n'imprime pas les esprits, balayée par le feuilleton des affaires.

Regardez ce matin : nous
sommes à l'avant veille du scrutin. Et ce ne sont pas les enjeux d'un vote
important dont il est question,  qui
concerne la vie quotidienne des Français, la gestion de leur ville, de leur
quartier. Mais la contre-attaque de Nicolas Sarkozy.

Certes, l'ancien président ne
pouvait plus se taire : huit mois d'écoutes téléphoniques, des échanges
avec son avocat virulents sur les juges, qui se retrouvent étalés dans les
journaux, ce qui constitue une violation d'un secret de l'instruction auquel la
presse n'est pas soumise. Vous y ajoutez une image abîmée par des enquêtes
multiples, un retour dans la course présidentielle contrarié par un agenda
judiciaire qui s'étire à l'infini...

Il ne lui en fallait pas plus pour signer cette tribune, qui fait dans le
registre de l'émotion, de la colère, de l'amertume.

Sa riposte, aussi musclée
soit-elle, n'éteindra ni la suspicion, ni la machine judiciaire.

Nicolas Sarkozy revient sur le terrain de la
politique.

Même s'il prévient qu'il
"n'éprouve nul désir de s'impliquer dans la vie politique", l'ex-président
cible François Hollande - qui lui a déjà répondu - et le pouvoir de gauche,
quand il accuse la justice française, et l'intérieur, d'user de méthodes dignes
de la Stasi. Vous avez remarqué : ce nom, celui de la police politique de
l'ex RDA, est sur toutes les lèvres ce matin. C'était le but recherché.

Nicolas Sarkozy aurait pu
aller dans un 20h à la télé, dire sa vérité aux Français les yeux dans les
yeux, un exercice dans lequel il excelle.

Mais il a fait le choix d'une
communication à sens unique, figée sur le papier, dans laquelle il n'y a pas à
répondre à des questions de journalistes. Il s'adresse, à travers le Figaro à un électorat certainement
troublé, afin de le rassurer, de le galvaniser avant le premier tour dimanche.
Et en ce sens, la manœuvre est sans doute réussie.

Quel sera l'impact réel sur le scrutin des
municipales ?

C'est la grande
question : est-ce que la gauche seule doit redouter l'abstention. Personne
n'est en mesure de dire si le feuilleton Sarkozy aura-t-il déçu ou au contraire
mobilisé ses électeurs.

Une autre inconnue se
dessine : que vont faire les électeurs du Front National hors des 600
villes où le FN présente des listes ? Vont-ils voter pour l'UMP, ou pour
d'autres partis, ou encore rester chez eux ? Il faudra du temps, et des
enquêtes fouillées pour répondre à cette interrogation quand les municipales
seront trop loin dans le rétroviseur. La tribune de Nicolas Sarkozy ne fait
qu'ajouter au brouillard ambiant, qui se dissipera sans doute au soir du
premier tour, quand les résultats seront là, posés sur la table, et donneront
le top départ pour une campagne municipale qui ne retrouvera les écrans radars
que pour une petite semaine.

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