Réforme des retraites : un "moment de vérité"
L'un des risques, notamment, tout le monde le connaît : c'est
de voir des centaines de milliers de personnes dans les rues. Mais pas
seulement. Comme le pense le porte-parole du groupe socialiste à l'assemblée Thierry
Mandon : "Ce sera une discussion compliquée à gauche parce que l'on
s'attend à ce que la gauche de la gauche soit plus jusqu'au-boutiste qu'elle ne
l'a jamais été. Et que la droite risque de faire front."
"Ce sera un moment de vérité du quinquennat" (Thierry Mandon)
Un moment de vérité parce qu'aucune des pistes pour arriver
à équilibrer le régime des retraites ne pourra faire consensus.
François Hollande avait donné en mars dernier sur France 2
la liste des sujets qui vont fâcher : "Malgré la réforme qui était annoncée
comme la dernière, on a 20 milliards d'euros de déficit en 2020. Il va donc
falloir faire un effort aussi pour 2014-2015."
"Il y aura donc une discussion sur tous les paramètres
: cotisation, indexation et allongement de la durée de cotisation."
Donc, pour résumer: il faudra cotiser plus longtemps; les
cotisations vont augmenter; et le montant des retraites ne suivraient plus
l'inflation.
Chacune de ces hypothèses fait réagir. A la gauche du PS,
Emmanuel Maurel estime tout simplement que ce n'est pas le moment de s'attaquer
à ce sujet : "Il n'y a rien de pire comme timing de lancer une réforme des
retraites au moment où on se trouve dans une telle situation sociale."
La tonalité est la même au Parti de gauche où l'on promet
déjà de se battre contre cette réforme et contre le pouvoir socialiste. Eric
Coquerel est le secrétaire national du Parti de Gauche. Selon lui, "à
nouveau, ils mettent les pas dans ceux de leurs prédécesseurs". Et en
attendant la rue, Eric Coquerel appelle les parlementaires à déjà se saisir du
sujet.
Pour la droite, qui avait fait la dernière réforme en 2010, cela
ne va pas non plus. Le député et ancien ministre Eric Woerth trouve injuste les
pistes envisagées par François Hollande :
"Parler uniquement de la durée de cotisation, c'est parler
surtout de la baisse de la durée des pensions à terme. Et nous on s'est
toujours opposé à cela!"
Et la droite comme la gauche de la gauche rappellent avec un
malin plaisir que le gouvernement n'a pas le choix. Il doit faire cette réforme
que lui impose désormais l'Europe. Le gouvernement a, en effet, obtenu deux ans
de sursis de la part de Bruxelles pour revenir à 3% de déficit. Soit deux ans
de sursis pour faire des réformes de structures et notamment cette réforme des
retraites. Le gouvernement se retrouve contraint de faire une réforme explosive
sans l'aide de personne.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.