Silvio Berlusconi, le revenant qui fait frémir l'Europe
Le "cavaliere" vient tout juste de remonter en selle et il est déjà en colère. Silvio Berlusconi a publié hier un fulminant communiqué de presse. Et l'objet de son courroux, c'est nous : nous les autres pays européens qui faisons pleuvoir les lamentations sur ce retour en politique. En France, le coup de froid ne date pas de ces derniers jours. Pour preuve, durant le débat entre les deux finalistes de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy avait qualifié l'engagement politique du "Cavaliere" de "berlusconiesque ", entendant par là qu'il n'était préoccupé que de lui-même.
Pour un président de la République, le mot est fort. Faut-il croire que travailler avec l'ancien homme fort de l'Italie n'était pas une partie de plaisir ? Du coup, le masque diplomatique tremblote. François Hollande le garde tant bien que mal en se disant convaincu que "ce qui vient de se passer permettra à l'Italie de trouver un gouvernement stable après les élections ". Essai que transforme son ministre de l'Economie, Pierre Moscovici en ajoutant que Berlusconi perdra. Cet espoir transcende les lignes politiques sur fond d'inquiétude économique comme en témoigne l'eurodéputé UMP Alain Lamassoure : "C'est assez surprenant et assez décevant que cet homme ait eu la confiance du peuple italien pour ne rien faire en Italie et ne rien faire de constructif en Europe. Si les marchés se tendent ce n'est pas forcément une mauvaise chose, parce que ça va montrer aux Italiens quel est l'enjeu ".
Démission annoncée de Mario Monti
L'actuel chef du gouvernement italien a fait savoir qu'il démissionnerait après le vote du budget 2013, déclenchant donc ces élections anticipées. Et c'est la comparaison des deux bilans que souligne la députée européenne MoDem Marielle de Sarnez : "Il y a la question du retour de Silvio Berlusconi, mais il y a surtout la question du départ d'un homme qui était en train de réussir le redressement de son pays. Les Italiens vont voter, j'espère vraiment qu'ils feront le bon choix ".
Le débarquement surprise de Silvio Berlusconi pourrait provoquer une sorte d'union sacrée. C'est du moins ce qu'espère la secrétaire à l'économie du parti socialiste, Karine Berger : "La majorité qui avait porté Mario Monti au pouvoir était une majorité sans épine dorsale. L'annonce du retour de Silvio Berlusconi a commencé à ramener les partis sur leur épine dorsale de départ ".
Mais tout le monde en France n'est pas d'accord avec ce "Silvio Bashing", comme l'eurodéputé FN Bruno Gollnisch : "C'est pas à la "nomenklatura" européenne de décider qui va diriger l'Italie. De toutes façons, l'expérience de M. Monti est un échec ".
L'expérience de Silvio Berlusconi en revanche est putôt favorable à l'extrème droite, puisqu'il a été l'un des premiers dirigeants européens à s'allier ouvertement avec elle. Entre l'Italie et la France, il y a les Alpes et les montagnes, c'est bien connu, ça répercute l'écho. Surtout quand il est politique.
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