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Nouveau pacte financier mondial : qui est Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, voix des pays du Sud pour réformer la finance mondiale ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
Article rédigé par franceinfo, Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Mia Mottley, Première ministre de la Barbade, lors d'un discours à l'ONU, le 24 septembre 2021 à New York, aux Etats-Unis. (JOHN ANGELILLO / AFP)

La toute première fois qu’Emmanuel Macron a évoqué le sommet international pour un nouveau pacte financier qui s’est ouvert à Paris, c’était à la tribune de la Conférence climat de Sharm El Sheikh en novembre. Il venait de rencontrer Mia Mottley, la Première ministre de la Barbade et il voulait s’inspirer de son "initiative de Bridgetown" : un grand coup de balai dans la finance mondiale, la réforme de la Banque Mondiale ou du FMI.

Objectif : aider les pays du sud à financer la transition écologique. "Chiche !", a dit Mia Mottley qui n'a toutefois pas l'intention de se bercer de promesses. Ce jeudi matin, elle s'est d'ailleurs fâchée dès l'ouverture du sommet, expliquant en substance que si elle s'était déplacée malgré une alerte cyclone sur son île de la mer des Caraïbes, ce n’était pas pour enfiler des perles.

Une incroyable oratrice

Inconnue du grand public, Mia Mottley vient de la Barbade, un petit îlot de moins de 500 km² et 280 000 habitants. Mais cela fait des années qu'on la remarque dans les COP. Il y a deux ans, elle monte à la tribune de l'assemblée générale de l'ONU. Avec sa voix grave, elle explique qu’elle ne va pas lire le discours prévu parce que tout a déjà été rabâché.

En improvisation, elle se lance sur les mots de Robert Nestor Marley, autrement dit Bob Marley : "Qui va se lever et se tenir debout ? Pour les droits de nos peuples ! Qui va se lever pour les gens qui sont morts dans cette terrible pandémie ? Pour tous ceux qui sont morts de la crise climatique ? Et pour ces petits Etats en voie de développement qui ont besoin qu'on ne gagne pas plus de 1,5 degré pour survivre. Qui ? Qui va se lever ? Et pas juste avec des mots, mais de réelles avancées !"

Incroyable oratrice, elle ajoute : "Si on a réussi à envoyer des gens sur la Lune et à résoudre la calvitie masculine, on peut trouver le moyen de nourrir le monde à un prix abordable."

Une famille imprégnée de politique

Ce charisme, elle le tient sans doute en partie d’une famille imprégnée de politique. Mia Mottley a 57 ans. Un grand-père qui fut le premier maire de Bridgetown, la capitale de la Barbade, en 1959. Son père était avocat, parlementaire puis consul général à New York. Un de ses oncles était chef du parti démocratique social chrétien créé en 1973.

Elle-même naît en 1965, quelques mois avant l’indépendance de la Barbade. Après le collège à la Barbade, et des études supérieures à New York, elle devient avocate à Londres en 1986. Elle a alors 21 ans. Elle se fait élire à la chambre à 29 ans puis devient ministre de l'éducation à 35. Il y aura ensuite d'autres ministères.

À 43 ans, elle est la première femme cheffe de l’opposition, et 10 ans plus tard, en 2018 : elle se retrouve Première ministre lorsque le parti travailliste gagne les législatives. Dans son bilan, figure notamment l’abolition de la monarchie britannique, transformant son pays en République.

La prochaine patronne de l'ONU ?

Son rôle central dans le sommet d'aujourd'hui est évidemment lié à la menace climatique sur son ile. Mais aussi au fort endettement qui lui a déjà donné l'occasion de tordre délicatement le bras du FMI par exemple.

La seule ministre française a être allée à la Barbade, Chrysoula Zacharopoulou (est en charge du développement) raconte qu'elle a vu là-bas "une icône". Mia Mottley ne peut pas s'asseoir à une terrasse de café sans être assaillie de compliments par les habitants. Rihanna, la chanteuse barbadienne, lui a décerné, avec sa Fondation Clara Lionel, un prix pour son action humanitaire et sociale. Avec tout ça, rien d’étonnant à ce que Mia Mottley soit régulièrement citée comme possible prochaine patronne de l'ONU en 2026.

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